La coalition gouvernementale allemande a promis de trouver une solution avant les législatives de septembre pour soulager les banques de leurs actifs dégradés, à l'issue d'une réunion mardi présidée par la chancelière Angela Merkel.
Un groupe de travail impliquant plusieurs ministères clés, la Banque centrale allemande (Bundesbank) et le fonds fédéral d'aide au secteur bancaire (Soffin) devra présenter un projet en conseil des ministres à la mi-mai, selon un porte-parole du gouvernement interrogé par l'AFP.
"L'objectif est de mettre sur les rails un projet de loi" avant les élections, selon le ministre fédéral de l'Economie conservateur Karl-Theodor zu Guttenberg.
C'est la première fois depuis décembre qu'Angela Merkel a repris la main sur le dossier des "bad banks", en présence notamment de son rival déclaré aux élections du 27 septembre, le social-démocrate Frank-Walter Steinmeier, actuel vice-chancelier.
Le dossier est délicat car la charge réelle qui pèsera à terme sur le contribuable reste la grande inconnue.
L'Etat devrait en effet accorder des garanties aux banques sur leurs actifs toxiques ou provisoirement invendables. Mais d'importants risques de moins-value existeront quand les titres arriveront à échéance: les garanties devront être payées et l'Etat subira des pertes.
Les participants au sommet se sont accordés sur l'urgence à venir une nouvelle fois au chevet des banques.
Malgré un vaste plan fédéral d'aide au secteur bancaire voté en octobre, le plus gros en Europe avec 480 milliards d'euros à disposition sous forme de garanties et de liquidités publiques, certaines ne voient pas la fin de leurs ennuis, notamment les banques publiques régionales, les "Landesbanken".
Car une maladie les ronge de l'intérieur: depuis le début de la crise financière à l'été 2007, elles n'arrivent plus à se débarrasser de montagnes de titres devenus invendables (dits "illiquides") en raison du climat de méfiance générale.
Ces actifs dégradés représenteraient entre 500 milliards et 1.000 milliards d'euros en Allemagne, selon le député conservateur Otto Bernhardt, porte-parole d'un groupe parlementaire sur les questions financières.
Les structures de défaisance prévues par le gouvernement pourrait gérer entre 150 et 300 milliards d'euros d'actifs à risque, selon des sources gouvernementales citées par le Financial Times Deutschland à paraître mercredi.
Les banques sont contraintes de déprécier régulièrement la valeur de ces actifs, ce qui au bout du compte engendre de lourdes pertes et les détourne de leur rôle de financement de l'économie réelle.
"Si nous continuons à perdre des capitaux propres en raison de dépréciations d'actifs, l'attribution du crédit est entravée", a ainsi affirmé Andreas Schmitz, le président de la fédération allemande des banques privées (BdB) interrogé par la chaîne de télévision ZDF.
Le problème du tarissement du crédit n'est pas nouveau, mais aucune amélioration n'est encore en vue. Depuis des mois de nombreuses petites et moyennes entreprises (PME), qui forment le terreau de l'économie du pays, dénoncent des conditions de prêt et des taux d'intérêt trop élevés. A cours de liquidités, beaucoup sont menacées ou contraintes de se mettre en faillite.
Ces problèmes seront abordés lors d'un autre sommet mercredi à la Chancellerie, où Angela Merkel a convié des représentants du patronat, des syndicaux et des économistes.