L'Opep a abaissé à nouveau mercredi sa prévision de demande de brut pour 2009, en raison de la baisse de la consommation entraînée par la récession mondiale, et craint une baisse des prix avec pour éventuelle conséquence une baisse des quotas de production.
"La demande de pétrole souffre de plus en plus de la récession mondiale. Des données récentes sur l'économie mondiale indiquent un retard de son rétablissement jusqu'à 2010, conduisant à une réduction supplémentaire de la prévision de demande de brut de 0,4 million de barils/jour" (mbj - 1 baril=159 litres), souligne l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son rapport mensuel d'avril.
Le cartel table désormais sur une baisse de 1,37 mbj de la demande de pétrole (-1,6%) en 2009, par rapport à 2008. Dans son précédent rapport de mars, le cartel, dont le siège est à Vienne, avait estimé le recul à 1,01 mbj. Pour toute l'année 2009, la demande mondiale est maintenant estimée à 84,18 mbj contre 84,61 en mars dernier et 85,55 en 2008.
Même la Chine est affectée par cette chute alors qu'en 2008 ce pays avait encore enregistré une hausse de la demande de 5%. Pour la première fois depuis 2005, la Chine a ainsi connu au premier trimestre 2009 une baisse de la demande.
Depuis septembre 2008, le cartel, dont les douze membres pompent 40% de l'or noir mondial, a baissé sa production de 4,2 mbj et a maintenu le 15 mars son plafond de production à 24,84 millions de barils par jour (mbj), le plus bas niveau depuis l'invasion de l'Irak par l'armée américaine en 2003.
Pour les pays membres du cartel, ces baisses ont néanmoins permis de stabiliser les prix du pétrole sur les marchés. Après avoir atteint un pic à plus de 147 dollars en juillet 2008 et ensuite une chute à 32,40 dollars en décembre 2008, le baril de pétrole se négocie depuis à un peu plus de 50 dollars: de 51,07 dollars (38,47 euros) pour le pétrole de l'Opep à 52,56 dollars pour le brent de la Mer du Nord.
"Dans les mois à venir, le marché devrait rester sous pression avec des prix à la baisse en raison d'incertitudes sur les perspectives économiques, d'une détérioration de la demande et d'un surplus substantiel de l'offre", a aussi souligné l'Opep dans son rapport.
"Un examen vigilant est essentiel pour évaluer les développements probables dans la seconde moitié de l'année et leur impact sur la stabilité du marché, en vue" de la prochaine réunion du cartel, le 28 mai à Vienne.
Si la demande de pétrole devait baisser jusque là, le représentant iranien au sein de l'Opep, Mohammad Ali Khatibi, s'est déclaré favorable cette semaine à une nouvelle baisse de la production de l'Opep. L'Iran, 2e plus gros producteur au sein de l'Opep, souhaite un prix du brut oscillant entre 75 et 80 dollars le baril. Et l'Opep considère qu'un baril à 75 dollars est le seuil où l'investissement et l'exploration deviennent rentables.
A quelques heures de la publication du rapport hebdomadaire sur les stocks américains, les cours du pétrole étaient orientés à la hausse mercredi, les courtiers s'inquiétant de pertes de production au Nigeria suite à un incendie au terminal de Bonny. A Londres, vers 11H00 GMT, le Brent de la Mer du Nord pour livraison en mai gagnait 60 cents à 52,56 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour livraison en mai prenait 68 cents à 50,09 dollars.
L'incendie d'un oléoduc du géant pétrolier anglo-néerlandais Shell dans le sud du Nigeria a entraîné une perte de production de 180.000 barils par jour, selon une source industrielle ayant requis l'anonymat. Les pertes concernent notamment Shell (130.000 barils/jour) et le groupe français Total (30.000 barils/jour).