Les statistiques mensuelles des demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi seront publiées dès mercredi sous une nouvelle formule, "plus claire" et plus complète selon Pôle Emploi et le ministère, mais accusée par des statisticiens de "minimiser le nombre réel" de chômeurs.
Les actuelles catégories 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 de demandeurs d'emplois inscrits au chômage seront notamment remplacées par les catégories A, B, C, D et E, qui ne recouvrent plus exactement les mêmes catégories de demandeurs d'emploi, ont annoncé vendredi à la presse Pôle emploi et le ministère de l'Emploi.
"Il y a eu dans le passé des polémiques sur les chiffres du chômage. Quelques mois après la remise de deux rapports publics prônant des changements, nous en tirons les conséquences. Cela n'a rien à voir avec la réalité du chômage qu'on connaît", a déclaré à la presse le directeur général de Pôle emploi Christian Charpy.
Désormais, "il n'y a plus d'indicateur phare, mais des indicateurs plus nombreux, plus clairs et correspondant plus à la réalité: les inscrits à Pôle emploi qui ne travaillent pas du tout (A), qui travaillent un peu plus (B) et qui travaillent beaucoup (C)", a-t-il ajouté.
Jusqu'en février 2009, la publication faisait la part belle à la catégorie 1 des demandeurs d'emplois inscrits, à savoir les seules personnes déclarant rechercher un emploi à temps plein et à durée indéterminée, ayant éventuellement exercé une activité de 78 heures maximum par mois.
"Cela poussait les observateurs à assimiler la catégorie 1 à un indicateur de référence alors qu'une partie de ces demandeurs d'emploi travaillaient", selon le directeur des services statistiques du ministère (Dares), Antoine Magnier.
Pointant d'autres "travers" de l'ancienne formule, comme le fait d'exclure des catégories représentant 1,5 million de personnes, il a affirmé que la "refonte" ne modifie pas "globalement" le diagnostic d'évolution des inscriptions au chômage.
L'intersyndicale de la Dares, de l'Insee et de Pôle emploi et le comité de défense de la Dares ont exprimé leur "préoccupation" devant la nouvelle présentation, y voyant "la volonté de minimiser le nombre réel de demandeurs d'emploi inscrits" car elle "met en avant la sous-catégorie A des demandeurs d'emploi sans activité réduite" et non "l'ensemble" des catégories.
Evoquant "des pressions extérieures" sur le directeur de la Dares, ils ont jugé que "cette décision met à mal l'indépendance de la statistique publique" en "passant outre les demandes répétées du personnel de la Dares et des syndicats du ministère du Travail".
Fin janvier, 2.203.500 demandeurs d'emploi étaient inscrits en catégorie 1 en métropole (+86.900 sur un mois). Avec la catégorie A, ils auraient été 2.304.900 en métropole (+100.400).