Les mises en chantier de logements et les permis de construire accordés aux Etats-Unis sont repartis en février, après sept mois de baisse, envoyant un nouveau petit signal d'espoir pour l'économie américaine, même s'il est prématuré de parler de reprise de l'immobilier neuf.
Selon les chiffres publiés mardi par le département du Commerce, le nombre de mises en chantier est remonté à 583.000 en rythme annuel, soit 22,2% de plus qu'en janvier, alors que les analystes attendaient une nouvelle détérioration de cet indicateur tombé à son plus bas niveau historique le mois précédent.
Cette hausse est la plus forte depuis janvier 1990 mais elle est un peu faussée par un bond de 79,7% des mises en chantier d'immeubles d'habitation, celles des maisons individuelles -- celles auxquelles les analystes portent le plus d'attention -- n'ayant progressé que de 1,1%.
Plusieurs analystes relèvent par ailleurs que l'indicateur a bénéficié d'un report des départs de chantiers du fait de mauvaises conditions météorologiques en décembre et en janvier.
Indicateur de la tendance à venir d'un marché de la construction actuellement en plein marasme, le nombre de permis de construire délivrés a atteint 547.000 en rythme annuel en janvier, soit 3,0% de plus que le mois précédent, selon les données publiées par le ministère.
Là encore, cela va à l'encontre des prévisions des analystes, qui attendaient une rechute de l'indicateur, tombé lui aussi le mois précédent à son plus bas niveau depuis un demi-siècle de publication de cette statistique.
Signe encourageant, le nombre de permis de construire de maisons individuelles, chiffre clef de la série, a rebondi de 11,0%. C'est sa première hausse depuis 9 mois, et la plus forte depuis février 1991.
Les mises en chantiers et les permis de construire restent cependant inférieurs de plus de 40% à ce qu'ils étaient un an plus tôt.
Malgré tout, "la stabilisation des départs de chantiers de maisons individuelles, de même que la reprise des permis de construire, sont de 'bonnes nouvelles'", estime Marie-Pierre Ripert de Natixis.
Mais les chiffres d'aujourd'hui ne sont "clairement pas un signe de reprise et peuvent être au mieux considérés comme un premier signe de stabilisation", tempère-t-elle.
Dans un océan de mauvaises nouvelles, la publication il y a quelques jours d'une relative bonne tenue des ventes de détails en janvier, avait déjà apporté une lueur d'espoir pour l'économie américaine.
Le secteur de la construction est paralysé depuis des mois par la crise financière qui complique fortement l'accès des ménages au crédit.
Les difficultés du secteur remontent à plus loin cependant, puisque les investissements privés des Américains dans le logement sont en baisse constante depuis le premier trimestre 2006.
Au quatrième trimestre 2008, ce recul des dépenses en faveur du logement a coûté 0,93 point de croissance aux Etats-Unis, alors que le PIB du pays chutait de 6,2%.
La reprise du marché immobilier, et celle du marché de la construction, qui lui est liée, passent pour clef d'une future reprise de l'économie américaine désormais attendue pour le début 2010.
Pour Ryan Sweet, économiste de Moody's Economy.com, "les chiffres de février montrent que l'on se rapproche" du moment où les mises en chantier de logement toucheront le fond, ce qui devrait arriver selon lui au deuxième trimestre.
Un peu plus pessimiste, Patrick Newport, d'IHS Global Insight estime que "les mises en chantier et les permis de construire doivent encore tomber" mais n'exclut pas que la chute soit enrayée "plus tard dans l'année".