La présidente du Medef Laurence Parisot a essuyé un revers judiciaire lundi face à un ex-président de l'Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM) qu'elle poursuivait en diffamation pour avoir soutenu qu'elle connaissait l'existence des retraits de fonds suspects au sein de sa fédération la plus puissante.
Dans ce règlement de comptes parole contre parole entre patrons, la 17e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris a débouté Laurence Parisot de ses poursuites.
Le tribunal a retenu la bonne foi de Daniel Dewavrin, président de l'UIMM de 1999 à 2006. Cette décision ne signifie pas pour autant que la présidente du Medef était au courant de l'existence du système de retraits de 16,5 millions d'euros en liquide sur lequel la justice enquête depuis l'automne 2007.
Laurence Parisot est "très déçue et accablée par cette décision, qui lui est très pénible", selon son entourage au Medef qui a estimé qu'il était "un peu tôt" pour décider ou non d'un appel.
Mme Parisot soutient qu'elle n'a eu connaissance de l'existence de ces pratiques "que la veille de la publication des faits dans la presse", en septembre 2007.
Une version contestée par Daniel Dewavrin, prédécesseur de Denis Gautier-Sauvagnac à la tête du patronat de la métallurgie.
"Sur ce point précis, à mon avis, elle ne dit pas la vérité. Elle ne dit pas qu'elle savait depuis longtemps que ces choses-là existaient, qu'elle en a tiré profit pour mener sa politique. Ca lui sert aussi de prétexte pour attaquer l'UIMM avec une très, très grande violence et cette violence à mon avis est contre-productive pour l'ensemble du monde patronal à commencer par le Medef", avait-il soutenu sur France Inter le 8 mars 2008, des propos diffamatoires selon Mme Parisot.
Daniel Dewavrin disait tenir cette information de Denis Gautier-Sauvagnac (DGS), son successeur à la tête de l'UIMM. DGS lui aurait relaté un de ses entretiens avec Laurence Parisot en juillet 2007 -soit trois mois avant la révélation du scandale- au cours duquel l'existence de ce système de retraits de fonds avait été évoquée.
A la barre le 17 janvier, DGS et un autre ancien président de l'UIMM, Arnaud Leenhardt, ont confirmé les propos de Daniel Dewavrin. Des propos "objectivement faux", selon Mme Parisot, pour qui M. Dewavrin s'est livré le 8 mars à un vulgaire règlement de comptes.
"Une semaine auparavant, publiquement et fortement, j'ai fait part de mon indignation quand j'ai découvert le montant de l'indemnité de départ de Denis Gautier-Sauvagnac de l'UIMM: 1,5 million d'euros", avait-elle justifié à l'audience.
De fait, la passe d'armes Parisot-Dewavrin a révélé au grand jour les tensions qui régnaient au printemps 2008 entre le Medef et l'UIMM, qui avait soutenu un autre candidat lors de l'élection de Laurence Parisot à la tête du Medef en 2005.
Ces tensions se sont traduites par une bataille sur les mandats dans les organismes paritaires exercés par l'UIMM et que Mme Parisot voulait voir remis au Medef.
La fédération de la métallurgie n'entendait pas voir céder ses mandats nationaux, vecteurs de sa puissance. Mais face à la pression de la patronne du Medef, Daniel Dewavrin, qui était à la tête du 1% logement, et Denis Gautier-Sauvagnac, chargé des négociations avec les syndicats, avaient finalement dû plier.