Les ventes de voitures neuves en Europe ont connu leur pire mois de janvier en deux décennies, avec un effondrement de 27%, un démarrage de l'année qui va donner des arguments aux pays comme la France désireux d'aider coûte que coûte le secteur.
Les nouvelles immatriculations ont ainsi reculé pour le neuvième mois consécutif, selon des chiffres provisoires publiés vendredi par l'Association des constructeurs automobiles européens (ACEA).
Le plongeon de janvier s'inscrit à la suite de chutes de 25,8% en novembre et 17,8% en décembre.
Le mois de janvier a totalisé 958.517 unités vendues, soit environ 355.000 de moins qu'en janvier 2008.
Face à cette dégradation Carlos Ghosn, président de l'ACEA et patron du constructeur français Renault, a appelé cette semaine l'Europe "à agir" car "le pire est en train de se passer".
L'ACEA table sur une baisse de 15% de la production automobile européenne en 2009, après un recul de 5% en 2008. Les constructeurs européens réclament surtout davantage de prêts à taux réduits.
L'écroulement de la demande a commencé à avoir des effets visibles sur l'emploi dans un secteur qui totalise en Europe 2,2 millions d'emplois directs et 10 millions d'emplois indirects.
Le français PSA Peugeot Citroën s'attend à 11.000 départs volontaires ou départs à la retraite en 2009. Et il n'exclut pas d'avoir recours à des licenciements hors de France. Chez son compatriote Renault, on table sur 9.000 départs volontaires en 2009.
Le premier constructeur européen Volkswagen envisage de se séparer de "plus de 8.000" de ses employés intérimaires, tout en mettant au chômage partiel les deux tiers de ses 92.000 employés en Allemagne pendant une semaine.
Toujours dans ce pays, Opel négocie pendant ce temps des aides avec les pouvoirs publics de crainte de faire les frais de la débâcle de sa maison mère américaine General Motors.
En Italie, Fiat, premier employeur privé national avec 78.000 salariés, a également mis massivement ses salariés au chômage technique.
Tous les grands marchés automobiles, à l'exception de la France, affichent des chutes de ventes à deux chiffres en janvier sur un an.
Le secteur automobile espagnol, le troisième d'Europe en volume, qui exporte 80% de sa production, a vu ses immatriculations plonger en janvier de 41,6%. L'Italie chute de 32,6% et le Royaume-Uni dégringole de 30,9%.
L'Allemagne s'en sort mieux avec un recul de 14,2%, mais il s'agit de son sixième mois consécutif de baisse, tandis que la France limite les dégâts avec un repli de seulement 7,9%.
Ces deux pays ont institué une prime à la casse (2.500 euros en Allemagne et 1.000 euros en France), pour acheter des voitures plus récentes et moins polluantes. L'idée a également été reprise en Autriche, en Italie et en Roumanie.
Bruxelles veut désormais définir des règles communes afin d'éviter les distorsions de concurrence.
La France en particulier est dans le collimateur de la Commission européenne depuis l'annonce cette semaine de prêts de 6,5 milliards d'euros aux constructeurs PSA Peugeot Citroën, Renault, et Renault Trucks, sous condition de maintien des sites de production sur son sol. Ce qui vaut à la France, comme à l'Italie qui a annoncé un plan similaire, d'être taxés de protectionnisme par certains.
Le Premier ministre français François Fillon a pour sa part exhorté jeudi Bruxelles à faire preuve de souplesse: "On n'est pas dans une situation normale, on est dans une situation de crise extrême".