Le rouble a plongé mercredi face au dollar et à l'euro, une semaine après la décision de la Banque centrale de Russie (BCR) de laisser la monnaie se dévaluer considérablement face au panier euro-dollar qui lui sert de référence.
A 08H30 GMT, la devise russe avait reculé de 50 kopecks par rapport à l'euro pour s'établir à 44,2 roubles, tandis qu'un dollar valait 33,21 roubles, soit un gain de 20 kopecks du billet vert.
Selon les agences russes, le panier composé à 55% de dollars et à 45% d'euros atteignait 38,27 roubles contre 37,79 la veille, alors que la BCR a fixé le 22 janvier dernier son plafond à 41 roubles, ce qui correspond de facto à une dévaluation d'environ 10%.
Jusqu'alors, la banque centrale pratiquait une politique de dévaluation progressive qui a fait perdre à la monnaie russe environ un quart de sa valeur en un peu plus de deux mois.
Le marché a mis du temps à intégrer la décision de la semaine dernière de la BCR en raison d'un manque de roubles dû à la nécessité pour les entreprises de payer diverses taxes.
Maintenant que des roubles sont de nouveau disponibles, la monnaie russe a repris sa chute, qui selon les analystes apparaît inexorable, les investisseurs ne croyant pas en la capacité des autorités russes de lutter contre les conséquences de la crise économique mondiale.
"Le rouble russe va continuer à se déprécier dans les mois à venir", prédit Lutz Karpowitz, de Commerzbank, dans une note d'analyse.
"La banque centrale cherche avec toute sorte d'outils à empêcher la dépréciation future, mais ses chances de succès sont limitées", poursuit-il.
La BCR a utilisé des milliards de dollars de ses réserves de change ces derniers mois pour soutenir un rouble plombé notamment par la chute des prix des matières premières comme le pétrole, dont la Russie est un des tout premiers producteurs mondiaux.
Et malgré sa décision de laisser le rouble se déprécier face au panier de monnaies, la BCR risque de devoir dépenser encore pour défendre le plafond qu'elle vient de fixer.
"Si un nombre croissant d'investisseurs échangent leurs roubles pour des devises étrangère en pariant sur une dépréciation accrue, le recours aux réserves de change devrait s'accélérer", souligne Lutz Karpowitz.
La Russie est très affectée par la crise économique mondiale, les fuites de capitaux s'accélérant alors que la croissance du PIB s'est elle considérablement ralentie