La chancelière conservatrice Angela Merkel et son vice-chancelier social-démocrate Frank-Walter Steinmeier sont montés au créneau mardi pour défendre le plus important plan de relance allemand d'après-guerre, adopté la nuit précédente et critiqué jusque dans leurs rangs.
Le plan repose principalement sur deux piliers: un lourd programme d'investissement (17 à 18 milliards d'euros) et des baisses d'impôt et de cotisations totalisant environ 9 milliards d'euros.
S'y ajoutent des mesures d'incitation à l'achat de voitures neuves ("prime à la casse" de 2.500 euros), la création d'un fonds de 100 milliards d'euros de garanties aux entreprises en mal de financement, ou encore des primes pour les familles (100 euros par enfant).
La grande majorité de ces mesures prendra effet en juillet, alors que les sociaux-démocrates et les conservateurs qui gouvernent ensemble dans une "grande coalition" seront en pleine campagne pour les législatives de fin septembre.
Lors d'une conférence de presse, Angela Merkel a assuré que ce dispositif allait "libérer des forces en faveur de la croissance et de l'emploi".
L'adoption de ce plan "rend compte à la fois de la dimension de la crise, et de la détermination du gouvernement", a dit Mme Merkel, qui a insisté sur le caractère "exceptionnel" de la crise économique.
Le plan va forcer la première économie européenne à inscrire l'an prochain le plus lourd déficit public depuis 1945, selon Volker Kauder, chef du groupe parlementaire chrétien-démocrate (CDU) de Mme Merkel. L'Allemagne dépassera en 2010 la limite de 3% du Produit intérieur brut fixée par le Pacte de stabilité européen.
"Ne rien faire n'était pas une option", a justifié le ministre des Affaires étrangères SPD Steinmeier, venu défendre l'action de la coalition aux côtés de Mme Merkel, à qui il veut ravir la chancellerie.
"Quand je regarde autour de moi en Europe, je ne vois pas vraiment qui fait plus, qui fait mieux ciblé" pour soutenir la conjoncture, a également lancé M. Steinmeier.
Mme Merkel et M. Steinmeier devait recommencer l'exercice mercredi devant les députés, elle au nom du gouvernement... et lui au nom du SPD.
Cet effort de relance historique, qui s'ajoute aux 31 milliards d'euros déjà décidés à l'automne et jugés insuffisants en Allemagne comme hors des frontières, a reçu mardi un accueil plutôt tiède.
La fédération des chambres de commerce et d'industrie (DIHK) a exigé "une amélioration de la fiscalité des entreprises d'ici la fin de la législature."
La fédération du commerce de détail (HDE) s'est dite "déçue", estimant que "la baisse prévue des impôts et cotisations était insuffisante, et (qu') elle venait trop tard", selon un communiqué.
Seule la fédération de l'industrie automobile, l'une des plus favorisées par le nouveau plan, a applaudi franchement.
Le gouvernement "aurait pu aller plus loin en ce qui concerne les baisses d'impôt", a jugé pour sa part Eckart Tuchtfeld, économiste de la Commerzbank, interrogé par l'AFP.
L'économiste juge malgré tout que le nouveau paquet va apporter "une impulsion sensible".
Les critiques ne sont pas venues que du patronat: la Confédération des syndicats DGB a qualifié "d'inutile les baisses d'impôt sans contrepartie budgétaire", et "problématique" le fonds de 100 milliards d'euros censé aider les entreprises à convaincre les banques de leur faire crédit.
"Le plan de relance va dans la bonne direction. Mais son volume ne devrait pas suffire à protéger l'emploi et à adoucir la récession. Il nous faudrait un volume deux fois plus important", conclut son président Michael Sommer dans un communiqué.