Produit intérieur brut en baisse pour l'ensemble de cette année, perspectives "médiocres" à court terme avant une reprise "modérée" en 2010: c'est le triste tableau d'une économie américaine en pleine récession qu'a dressé mardi la Réserve fédérale (Fed).
Ces prévisions figurent dans les minutes de la rencontre du Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale américaine des 15 et 16 décembre. A l'issue de ces deux jours, la Fed avait frappé fort en abaissant son taux directeur quasiment à zéro et en officialisant sa politique d'accroissement massif des liquidités pour soutenir l'économie.
Mais malgré cela, "les perspectives économiques (aux Etats-Unis) devraient rester médiocres pour un certain temps", peut-on lire dans ce document.
Sans aller jusqu'à donner des indications chiffrées, la Fed reconnaît avoir revu en "forte baisse" ses prévisions de croissance précédentes rendues publiques en novembre. La Fed tablait alors sur une évolution du PIB comprise entre -0,2% et +1,1% sur l'ensemble de l'année en cours.
Selon les minutes, le PIB de la première économie mondiale devrait "baisser pour 2009 dans son ensemble et progresser à un rythme légèrement supérieur à son potentiel de croissance en 2010", année pour laquelle les membres du FOMC s'attendent à une "reprise modérée".
Prenant acte du fait que l'extension de la crise à l'ensemble de la planète ne permettra pas aux Etats-Unis de trouver des relais de croissance par le biais de leurs exportations, les responsables de la banque centrale estiment que "le PIB devrait reculer au premier semestre beaucoup plus fortement que prévu auparavant, avant de se reprendre lentement pendant le reste de l'année".
Ils comptent qu'alors "les stimulations de la politique monétaire" de la Fed et de la politique budgétaire annoncée par le président élu Barack Obama "auront gagné de l'allant et que l'effervescence des marchés financiers aura commencé à retomber".
Selon une source proche des démocrates, M. Obama et son équipe économique préparent un plan de relance dont le montant pourrait atteindre 775 milliards de dollars. Ce plan est annoncé comme la première de ses priorités et de celles du nouveau Congrès, réuni mardi pour la première fois.
Les Etats-Unis sont entrés officiellement en récession en décembre 2007. Le produit intérieur brut du pays a commencé à reculer à l'été, de 0,5% en rythme annuel par rapport aux trois mois précédent.
Fin décembre, la Maison Blanche a dit s'attendre à un quatrième trimestre bien pire, acceptant ainsi les prévisions des économistes, unanimes sur ce point.
Les minutes de la réunion du FOMC de décembre montrent d'autre part que les responsables de la banque centrale s'inquiètent aussi du niveau des prix, s'attendant à un ralentissement "considérable" de l'inflation de base (hors alimentation et énergie) en 2009, et jugeant que celle-ci pourrait continuer de baisser en 2010.
Sans aller jusqu'à parler de "déflation", phénomène de baisse généralisée des prix qui ravive les souvenirs cruels de la Grande Dépression des années 30, "plusieurs participants" ont dit craindre "que l'inflation puisse tomber" trop bas "pour un temps". Ils ont souhaité que la banque centrale reste particulièrement vigilante sur le sujet.