La grandes majorité des échanges commerciaux au Zimbabwe, confronté à une hyperinflation inouïe, se fait désormais en dollars américains, reconnaît jeudi le quotidien d'Etat The Herald.
"Une enquête menée cette semaine par le Herald a révélé une chute significative de la demande en devise locale, alors que de moins en moins de magasins et de commerçants vendent leurs produits en dollars zimbabwéens", écrit le journal, qui évoque une "dollarisation croissante" de l'économie.
L'inflation a été officiellement chiffrée à 231 millions de pour cent en juillet, mais selon certains économistes, elle est plus proche de mille milliards de pour cent.
Dans ce contexte, la monnaie locale a perdu toute valeur. Un dollar américain s'échange contre plus de 4 millions de dollars zimbabwéens au taux officiel, mais vaut environ 3 milliards de Zim dollars au marché noir.
En septembre, la Banque centrale a autorisé un millier de commerçants à vendre leurs produits en devises fortes et a étendu récemment cette mesure aux opérateurs de téléphonie mobile.
D'autres se sont engouffrés dans la brèche, bien que les autorités aient promis de punir ceux qui ne respecteraient pas les règles de change. Même les vendeurs de rues recourent aujourd'hui au dollar américain et un trajet en minibus dans Harare est facturé un dollar américain.
L'économie du Zimbabwe est en chute libre depuis le début des années 2000. Outre l'hyperinflation, la population se débat avec un chômage de masse, des pénuries chroniques et une détérioration des conditions sanitaires, responsable d'une épidémie de choléra qui a déjà fait plus de 1.500 morts.
Cette crise se double d'une impasse politique depuis les élections générales de mars 2008, perdues par le régime du président Robert Mugabe. Des violences politiques et un second tour contesté du scrutin présidentiel ont aggravé les tensions entre le pouvoir et l'opposition, que des négociations entamées en juillet ne parviennent pas à apaiser.