Les prix du pétrole ont fini sur un bond de près de 15% mercredi à New York, au terme d'une année pendant laquelle ils auront touché des sommets historiques avant de s'effondrer de plus de 100 dollars face à la dégradation de l'économie et de la demande d'or noir.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en février a fini à 44,60 dollars, en hausse de 5,57 dollars, soit 14,3%, par rapport à son cours de clôture de mardi.
Sur l'Intercontinental Exchange de Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en février a pris 5,44 dollars, à 45,59 dollars.
"Au revoir, 2008, tu ne vas pas nous manquer", ont lâché, soulagés, les analystes de BMO Capital Markets.
2008 aura été l'année de tous les records pour le marché du pétrole: après avoir franchi le seuil symbolique des 100 dollars début janvier, pour la première fois de leur histoire, les cours ont culminé le 11 juillet à plus de 147 dollars avant de s'effondrer jusqu'à 32,40 dollars le 19 décembre.
"La bonne nouvelle, c'est qu'on ne peut pas chuter autant en 2009 qu'en 2008, à moins que les prix ne deviennent négatifs. La mauvaise nouvelle, c'est que la plupart des prévisions ne tablent que sur des gains modestes vu les vents contraires de l'économie mondiale", ont écrit les analystes de BMO.
Le baril de brut texan, référence du marché new-yorkais, finit l'année sur une chute de 53,5% sur l'année, et de 70% par rapport à ses sommets, qu'un bond spectaculaire mercredi n'aura que faiblement atténuée.
A l'origine de ce sursaut de fin d'année, intervenu sur un marché déserté, les statistiques hebdomadaires du ministère américain de l'Energie ont révélé une augmentation des stocks de produits pétroliers qui a déçu certains investisseurs.
Si la hausse des stocks de brut a surpris le marché, la progression des réserves d'essence et de produits distillés (dont le gazole et le fioul de chauffage) est ressortie moindre qu'attendu.
"Certains attendaient un peu plus", a jugé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Mais globalement, "il y a beaucoup de produits pétroliers disponibles, alors qu'on est en plein milieu de l'hiver", a-t-il nuancé.
Pour les analystes de Barclays Capital, "il y a eu des signes contradictoires dans les derniers chiffres de la demande: les Etats-Unis et la Grande-Bretagne montrent des signes d'amélioration, alors que la demande reste faible au Japon et que les statistiques chinoises montrent une certaine faiblesse".
Avec l'hiver et la chute de plus de 60% des prix moyens des carburants à la pompe, la consommation quotidienne des Américains remonte à presque 20 millions de barils, contre moins de 18 millions en septembre.
La situation en Chine, moteur de la consommation mondiale ces dernières années, fait quant à elle l'objet de spéculations sur le marché.
Surtout, "le marché attend avec impatience l'année prochaine, avec l'espoir que l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole, ndlr) respecte mieux ses décisions", a estimé l'analyste.
Le cartel a annoncé depuis l'automne plusieurs baisses de sa production en réponse à la première baisse de la demande mondiale de pétrole depuis 25 ans en raison de la dégradation de l'économie, sans parvenir à enrayer la chute des cours.
Le marché reste sceptique quant à l'application concrète de ces annonces.
Pour Mike Fitzpatrick, de MF Global, "la cadence infernale des statistiques économiques moroses va probablement laisser les cours sur la défensive début 2009, jusqu'à ce que la nouvelle administration (du président élu Barack Obama) précise son plan de relance".