Emblème de la crise bancaire en Allemagne, Hypo Real Estate va se séparer de plus de la moitié de ses effectifs, une mesure draconienne pour se sauver d'une quasi-faillite.
La banque privée a annoncé samedi qu'elle allait se séparer en deux temps d'un millier d'employés d'ici 2013, sur un effectif total de 1.800 personnes.
"Deux tiers des emplois qui vont être touchés (sur les trois prochaines années) se trouvent hors d'Allemagne", précise Hypo Real Estate.
"Au regard de la nouvelle situation sur le marché des capitaux (...), il n'y a pas d'alternative à la vaste restructuration programmée de notre modèle d'activités", a prévenu en conférence de presse le président du directoire Axel Wieandt, nommé il y a deux mois.
Cette restructuration devrait permettre d'économiser 600 millions d'euros d'ici 2011, et 500 millions d'euros supplémentaires jusqu'en 2013, selon le groupe.
HRE compte "externaliser et vendre" certaines de ses activités et filiales et espère par ce moyen "éviter les licenciements (secs) autant que possible".
M. Wieandt a ajouté que le groupe se concentrerait sur son secteur clé du crédit hypothécaire en Allemagne, mais aussi à Paris, Londres et New York.
Rien ne va plus pour l'institut de Munich (sud) qui était jadis le fleuron allemand des crédits privés immobiliers.
Après avoir tardivement reconnu son exposition à l'effondrement des "subprime" américains, c'est sa filiale germano-irlandaise Depfa, spécialisée dans le financement de projets d'infrastructures ou publics, qui lui a valu en septembre une crise de liquidités sans précédent, entraînant coup sur coup deux plans de sauvetage menés par l'Etat allemand pour un montant total de 50 milliards d'euros.
HRE a bénéficié par la suite du plan fédéral d'aide au secteur bancaire lancé en octobre, afin d'obtenir 30 milliards d'euros de garanties supplémentaires. Les discussions avec ce Fonds d'aide fédéral "se poursuivent en vue de nouvelles mesures", a précisé M. Wieandt.
Le scandale d'une débâcle aussi brutale qu'insoupçonnée a fait plonger Hypo Real Estate en Bourse, qui a perdu 80% de sa valeur ces trois derniers mois. Le titre quittera lundi l'indice Dax de la place de Francfort en raison d'une capitalisation boursière devenue trop faible.
Pressé de toutes parts, le président du directoire Georg Funke a pris la porte en octobre et le président du conseil de surveillance Klaus Viermertz lui a emboîté le pas peu après.
Deux nouveaux départs ont été annoncés au sein de l'exécutif samedi: ceux du directeur financier Markus Fell et du directeur des opérations immobilières Frank Lamby.
Plusieurs anciens dirigeants sont suspectés d'avoir mal informé sur l'état réel des comptes et font l'objet d'une enquête du parquet de Munich, qui a annoncé mercredi avoir mené des perquisitions dans leurs bureaux et appartements.
Très exposée à la déroute des banques islandaises et de la banque d'investissement américaine Lehman Brothers, la HRE a accusé une perte nette de 3,1 milliards d'euros au troisième trimestre.
Son programme de restructuration implique des dépenses de 400 millions d'euros, dont les deux tiers figureront dans les comptes du quatrième trimestre, pour lequel elle s'attend à de "nouvelles pertes". Son résultat annuel devrait lui aussi tomber dans le rouge, selon M. Wieandt.
La situation de Hypo Real Estate fait écho à celle de la banque publique régionale de Bavière, la BayernLB, très affectée elle aussi par la crise financière. Au début du mois, elle a annoncé qu'elle allait se séparer de près de 30% de ses effectifs d'ici 2013, soit 5.600 personnes.