La réorganisation du capital du groupe Wendel, au coeur d'une information judiciaire depuis un mois après une plainte dénonçant les bénéfices empochés à cette occasion par certains cadres, a fait un détour vendredi par le tribunal de grande instance de Paris par le biais d'une affaire de diffamation.
L'actuel président du conseil de surveillance de Wendel Investissement, Ernest-Antoine Seillière, ainsi que deux autres dirigeants du groupe, Jean-Bernard Lafonta et Bernard Gautier, ont assigné en justice Sophie Boegner, une ex-administratice de la holding familiale de la famille Wendel, la SLPS (Société lorraine de participations sidérurgiques).
Ils considèrent tous trois que les propos prononcés par Mme Boegner lors de l'assemblée générale annuelle du groupe Wendel, le 9 juin dernier, relayés dans une interview à L'Express, sont diffamatoires.
Lors de cette AG, Mme Boegner avait dénoncé les bénéfices indus qu'auraient réalisés, lors de la réorganisation du capital de Wendel en 2007, certains de ses dirigeants dont Ernest-Antoine Seillière. Elle avait aussi brocardé une "absence de transparence".
Quelques jours plus tôt, l'ancienne administratrice avait déposé une plainte en ce sens. Après son classement sans suite, elle en a déposé une seconde, celle-ci avec constitution de partie civile, entraînant l'ouverture mi-novembre d'une information judiciaire pour "abus de bien social et recel".
Depuis le dépôt de sa plainte, Mme Boegner a été évincée du conseil d'administration de la SLPS.
Les demandeurs réclament chacun un million d'euros de dommages et intérêts, dans chacune des procédures, soit un total de 6 millions d'euros, selon l'avocat de Mme Boegner, Me Patrick Maisonneuve.
"Mme Boegner est l'une des nôtres et pour des raisons que j'ignore, elle a vis-à-vis de moi une très vive animosité", a déclaré à l'AFP l'ancien président du Medef, juste avant le début de l'audience.
M. Seillière, qui dit intenter une action en diffamation pour la première fois, s'étonnait qu'"après avoir approuvé un système (...), elle ait brutalement changé d'attitude et se soit lancée dans des attaques totalement mensongères".
Me Maisonneuve a déploré le comportement de M. Seillière, estimant que cette citation devant le tribunal correctionnel "contribu(ait) à exercer des pressions sur (s)a cliente afin qu'elle abandonne son combat".
L'audience devait s'achever dans la soirée et la 17e chambre mettre sa décision en délibéré à la fin janvier.