Le PIB de la France devrait reculer "significativement" au quatrième trimestre 2008, estime le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, interrogé sur la croissance dans une interview à paraître jeudi dans Le Figaro.
"Nous connaissons aujourd'hui un ralentissement très prononcé de l'activité. Tout laisse penser que le quatrième trimestre sera significativement négatif en France et en zone euro", indique M. Noyer.
Au troisième trimestre, la France avait échappé de peu à la récession frappant nombre de ses voisins européens, enregistrant une croissance de 0,1% alors que la plupart des économistes s'attendaient à un recul du PIB, après celui de 0,3% déjà enregistré au trimestre précédent.
La majorité des enquêtes de conjoncture et des prévisions estiment toutefois que l'impact de la crise internationale va se faire sentir au dernier trimestre de cette année, aboutissant à une diminution du PIB, avec des effets négatifs qui se prolongeront jusqu'à la mi 2009.
"Le ralentissement est si fort et si brutal qu'il est peu probable que les choses se rétablissent très vite. Le premier semestre sera donc encore assez difficile", poursuit M. Noyer.
"En revanche, nous pouvons envisager une légère reprise de l'économie au second semestre car plusieurs facteurs jouent favorablement: la très forte désinflation redonnera du pouvoir d'achat; la politique monétaire (baisse des taux de la BCE, ndlr) soutient les prêts et l'investissement et les plans de relance soutiennent l'activité", ajoute le gouverneur de la Banque de France.
Malgré le plan de relance annoncé la semaine dernière, le gouvernement maintient sa prévision de croissance pour 2009 dans une fourchette de seulement 0,2 à 0,5%.
Christian Noyer affirme également n'avoir aucune "inquiétude sur l'arrivée d'une déflation telle qu'on l'entend, c'est-à-dire une baisse du niveau général des prix et des salaires pendant une certaine période".
"Ce n'est pas du tout ce à quoi on assiste, qui est une forte désinflation" liée à la baisse des prix du pétrole et des matières premières, et la progression des prix à la consommation sur un an devrait rester "largement positive", explique M. Noyer.
Quant à la baisse des prix de l'immobilier, "il s'agit du contrecoup d'une hausse trop vigoureuse que nous avions dénoncée pendant plusieurs années (...) mais je ne crois pas à un effondrement", poursuit Christian Noyer, qui juge le "marché immobilier fondamentalement assez sain dans notre pays".
"Il devrait redémarrer lorsque les facteurs notamment psychologiques qui ralentissent la demande des ménages se seront dissipés", conclut-il.