
Crise oblige, le prix est devenu la première préoccupation des consommateurs en matière de produits alimentaires au détriment de la qualité, selon le dernier baromètre Alimentation du Credoc, qui note une forte hausse des achats chez les hard discounteurs.
Le prix est devenu le premier critère pour choisir le lieu où l'on va faire ses courses, selon cette étude annuelle commandée par le ministère de l'Agriculture, qui sera présentée mardi par le ministre Michel Barnier lors du Conseil national de l'agriculture à Lyon.
Pour 35,1% des sondés (+6,4 points), la préoccupation pour le prix passe avant la proximité géographique du magasin (30,6%) et également avant la qualité des produits proposés (20,4%).
"En un an, le critère de prix a progressé de 7 points et le critère de qualité a baissé de 6 points", souligne le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc).
Les Français surveillent tellement leurs dépenses d'alimentation que celles-ci ont baissé en volume, compte tenu de l'inflation (+6,7% sur entre l'été 2007 et l'été 2008).
On consacre en moyenne aujourd'hui 19,6% de son budget à l'alimentation (au domicile et hors domicile) contre 21,3%, taux stable constaté entre 1994 et 2003.
Autre preuve de la prédominance du facteur prix: la fréquentation des magasins de hard discount. 15,2% des consommateurs interrogés par le Credoc s'y approvisionnent le plus souvent. Contre 9,3% en 2007.
Les super et hypermarchés drainent toujours la majorité des consommateurs, mais leur part a baissé (66,1% en 2008 contre 74,1% en 2007).
Le petit commerce attire 9,3% des consommateurs (+0,9 point), le marché 7,6% (+1,6).
Le prix est aussi le premier domaine dans lequel les consommateurs souhaitent une intervention des pouvoirs publics, en raison, selon le Credoc, "de la tension sur les prix dans le secteur alimentaire".
Les consommateurs souhaitent que la politique d'alimentation serve d'abord "à encadrer les prix de première nécessité pour permettre à tous de se nourir", (36,7%, +9,9). 19,3% seulement (-3,1) réclament une surveillance de la "qualité nutritionelle des produits mis sur le marché".
En termes de "risques sanitaires" et de "confiance dans l'information fournie", les consommateurs privilégient les professionnels de santé (92,1%) et les associations de consommateurs (86,6%).
Parmi les acteurs économiques, ils font d'abord confiance aux agriculteurs (83,1%), puis aux petits commerçants (81%) et moins aux grandes surfaces (52,8%) et aux industries agroalimentaires (42,3%).
Pourtant, les consommateurs boudent les produits labellisés (-10 pts entre 2006 et 2008) et rechignent de plus en plus à payer plus cher pour des produits garantissant le respect de l'environnement et le bien-être animal ou issus du commerce équitable.
Autre enseignement: les consommateurs prennent leurs distances vis-à-vis des grandes marques. Pour 55% (+11) d'entre eux, elles ne sont pas un critère qui compte pour se faire une idée de la qualité d'un produit.