
La Commission européenne s'est efforcée de clore lundi une controverse grandissante avec plusieurs gouvernements qui l'accusent de dogmatisme sur les aides aux banques en difficulté, en autorisant le plan français et en annonçant d'autres décisions similaires pour bientôt.
"La Commission n'est pas une armée de bureaucrates essayant d'ennuyer les Etats membres", s'est défendue la commissaire à la Concurrence Neelie Kroes lors d'une conférence de presse.
Ces "légions de bureaucrates", le ministre suédois des Finances les avait dénoncées la semaine dernière, comme son homologue allemand, à propos des difficultés faites par Bruxelles pour accepter certaines aides publiques aux banques. La France avait elle aussi monté le ton sur ce sujet.
Neelie Kroes a regretté cette "publicité négative", selon elle "injuste", rappelant que depuis le début de la crise financière ses services avaient "des journées longues, des nuits courtes et pas de week-end" et qu'en dix semaines, plus d'une vingtaine d'aides publiques aux banques avaient été autorisées.
Dernière en date: Bruxelles a autorisé lundi le régime français de recapitalisation bancaire, visant à "stabiliser les marchés financiers, rétablir la confiance et permettre aux banques d'augmenter leurs prêts à l'économie réelle", selon un communiqué.
Six banques françaises ont déjà réservé 10,5 milliards d'euros de recapitalisation et Paris prévoit de renouveler l'opération si nécessaire en 2009, selon le plan final soumis à Bruxelles.
Son approbation par la Commission a demandé plusieurs semaines de bras de fer, notamment sur la rémunération demandée aux banques en échange de l'argent public.
Bruxelles voulait au moins 10%, pour inciter les banques à rembourser le plus tôt possible et limiter à la durée strictement nécessaire le recours à l'aide publique, afin d'éviter qu'elles ne soient avantagées par rapport à leurs concurrentes.
Paris insistait pour avoir un taux inférieur, plus attractif pour les banques censées utiliser l'argent pour accroître leurs prêts aux ménages et aux entreprises, et ainsi participer à la relance de l'économie.

La rémunération sera finalement "en moyenne de 8%" mais "tiendra compte du degré de solvabilité de chaque banque bénéficiaire", selon la Commission.
Les autorités françaises ont aussi prévu "un mécanisme de surremboursement du capital" pour "s'assurer que la présence de l'Etat au capital sera limitée dans le temps au strict minimum", a-t-elle ajouté.
Le président français Nicolas Sarkozy s'est "félicité" du feu vert de l'UE, indiquant que les banques toucheront "dans les prochains jours" une première tranche de 10,5 milliards d'euros de financements promis, le plan pouvant aller jusqu'à 21 milliards d'euros au total.
Neelie Kroes a par ailleurs promis un feu vert "sous peu" pour le plan autrichien d'aide aux banques, dans lequel elle avait vu d'éventuels problèmes il y a un mois, et "espère sincèrement" pouvoir adopter "aujourd'hui ou demain" une version remaniée du plan allemand d'aide aux banques, a-t-elle dit.
Des changements sur des "points mineurs", selon elle, devraient permettre à Berlin d'accorder l'aide souhaitée à la deuxième banque privée du pays, la Commerzbank, qui pour l'instant n'est pas compatible avec le plan national.
"Nous saluons le fait que la Commission a tenu compte des doutes exprimés par les ministres de la zone euro" concernant les règles d'octroi des aides, a réagi une porte-parole du ministère allemand des Finances, interrogée par l'AFP.
"Nous espérons désormais que la Commission européenne va prendre rapidement des décisions dans les cas concrets", a-t-elle ajouté en référence à la Commerzbank.