Recalés le mois dernier au Congrès, les dirigeants des trois grands groupes automobiles américains, qui espèrent arracher une aide de 34 milliards de dollars, ont avoué jeudi des "erreurs" de gestion devant des parlementaires toujours sceptiques.
Le président George W. Bush est intervenu jeudi sur la chaîne NBC, jugeant impératif que les trois constructeurs automobiles américains apportent la preuve de leur viabilité à long terme pour bénéficier d'une aide publique, "peu importe leur poids" dans l'économie nationale.
"Peu importe le poids des (constructeurs) automobiles dans notre économie, nous ne voulons pas investir à fonds perdus", a déclaré M. Bush dans un entretien télévisé
"En d'autres termes, nous voulons être sûrs que le plan qu'ils développent assure leur viabilité à long terme, dans l'intérêt du contribuable", a-t-il dit selon des extraits de la transcription de cet entretien.
"Nous sommes ici aujourd'hui car nous avons fait des erreurs", a reconnu Rick Wagoner le président de General Motors (GM) faisant allusion au maintien d'un modèle économique dépassé, lors d'une audition devant la Commission bancaire du Sénat qui a duré près de six heures.
De son côté, le président de la commission Chris Dodd a conclu: "il y a un consensus sur le fait que la faillite et l'inaction ne sont pas la solution".
"Nous allons tenter (...) de les remettre sur pied et de le faire intelligemment", a-t-il dit en évoquant le vote d'un possible plan de sauvetage pour GM, Ford et Chrysler.
Interrogé sur leur volonté d'accepter de travailler avec un comité de surveillance, M. Wagoner, ainsi que les patrons de Ford, Alan Mulally, et de Chrysler, Robert Nardelli, ont répondu par l'affirmative.
Face aux trois patrons, Chris Dodd, a déclaré: "les plans soumis par ces entreprises ne sont en aucun cas parfaits, mais je pense qu'ils représentent un engagement en faveur de la réforme nécessaire que Détroit doit adopter".
Mais le républicain Richard Shelby, qui siège aussi à la commission, a prévenu d'emblée qu'il allait s'"opposer au plan d'aide".
L'audition des trois PDG intervient plus de deux semaines après une première prestation catastrophique et des plans de restructuration jugés "non viables".
"Il est vrai que les auditions du mois dernier ont été difficiles pour nous, mais nous avons beaucoup appris", a assuré M. Wagoner.
"Notre but était autrefois simplement d'être compétitifs. Maintenant, nous nous engageons à dépasser les attentes de NOS clients en terme de qualité, d'économie de carburant, de sécurité et de prix", a promis M. Mulally.
M. Nardelli s'est engagé pour sa part "à produire des véhicules moins gourmands en énergie", avant de commencer à rembourser le prêt gouvernemental en 2012.
Vendredi, cela sera au tour de la Commission des services financiers de la Chambre des représentants d'auditionner les trois dirigeants.
Les démocrates, qui bénéficieront seulement en janvier de leur majorité renforcée par les élections du 4 novembre, entendent pousser les "Big Three" à s'engager sur un plan réaliste de retour à la rentabilité, dans l'espoir d'obtenir un consensus sur un vote.
Le parti du président élu Barack Obama souhaite ponctionner à cette fin le plan de recapitalisation des banques de 700 milliards de dollars voté en octobre.
Les républicains et l'administration Bush y restent opposés, préférant utiliser une première aide de 25 milliards déjà votées en septembre.
En cas de compromis sur un vote, le Congrès pourrait revenir en session la semaine prochaine.
General Motors, réclame jusqu'à 18 milliards de dollars. Ford a demandé une ligne de crédit de 9 milliards de dollars, qu'il espère ne pas avoir à toucher. Chrysler table sur un prêt de 7 milliards.
GM a réclamé une aide de 4 milliards de dollars dès janvier, en plus d'un premier versement du même montant déjà demandé en décembre.
Mais le chef économiste de l'agence de notation financière Moody's, Mark Zandi, a estimé jeudi devant la commission que le véritable coût du plan de sauvetage automobile pourrait atteindre les 75 à 125 milliards de dollars.
De son côté l'analyste automobile Gregg Lemos Stein de Standard & Poor's, a affirmé à l'AFP qu'il y avait "une forte possibilité de faillite de l'un des trois constructeurs automobile, même s'ils obtiennent des fonds publics".
Les trois patrons, critiqués pour avoir utilisé leurs avions privés en novembre, se sont cette fois rendus à Washington en voiture depuis Détroit (Michigan, nord), soit 800 kilomètres, et repartiront de même.