La Chine et les Etats-Unis se sont engagés jeudi à travailler ensemble face à la crise mondiale au début de leur "Dialogue économique stratégique" (DES), le dernier de l'administration Bush, mais Pékin a cependant rappelé à Washington ses responsabilités.
La délégation américaine s'est rendue à Pékin alors que les dernières statistiques ont confirmé cette semaine que la première économie mondiale est entrée dans la phase la plus brutale de la récession, avec des conséquences dramatiques pour l'emploi.
"La tâche la plus importante pour nous est de faire face à la crise", a lancé le vice-Premier ministre Wang Qishan, dans son discours d'ouverture, en soulignant que la Chine "avait toujours eu une attitude responsable".
Rappelant les différentes mesures prises par le gouvernement chinois pour "maintenir une croissance relativement rapide et stable", et donc jouer selon Pékin un rôle de locomotive économique bénéfique pour toute la planète, Wang Qishan a estimé nécessaire d'agir conjointement "pour restaurer la confiance des marchés dès que possible, empêcher que la crise ne s'approfondisse, que l'économie mondiale n'entre en récession, et atténuer l'impact sur les pays en développement".
"Pour la première fois pendant le Dialogue économique stratégique, Etats-Unis et Chine vont se concentrer sur la manière de travailler ensemble à travers les forums internationaux pour renforcer le système économique mondial", a déclaré, de son côté, le secrétaire américain au Trésor Henry Paulson qui copréside le DES avec M. Wang.
"Comme le DES a amélioré les relations entre nos deux pays, nous pouvons gérer efficacement des sujets complexes comme la récente crise financière mondiale", a-t-il souligné.
A l'occasion de cette cinquième session du DES, M. Paulson a également salué le "rôle responsable de la Chine pendant la tempête".
"Nous avons salué sa participation active, avec d'autres membres du G20" au sein des différents sommets et institutions internationales", a-t-il dit.
Cependant, la Chine a aussi mis Washington devant ses responsabilités.
"J'espère que les Etats-Unis prendront toutes les mesures nécessaires pour stabiliser l'économie et les marchés financiers, pour protéger les actifs et investissements chinois sur le marché américain", a dit Wang Qishan.
La Chine, de son côté, connaît un ralentissement avec une prévision de croissance de la Banque mondiale de 7,5% en 2009, la plus basse depuis presque 20 ans.
Le DES, biannuel, avait été lancé par les présidents George W. Bush et Hu Jintao il y a deux ans, pour évoquer les différends bilatéraux, comme la sous-évaluation du yuan, qui selon les pays occidentaux, Etats-Unis en tête, avantage les exportations chinoises.
Cette réunion de haut niveau s'est d'ailleurs ouverte alors qu'après trois ans d'appréciation continue, le yuan connaît un brusque accès de faiblesse face au dollar. Cela a relancé les spéculations sur un éventuel changement de politique monétaire de la Chine, qui, s'il se confirmait, provoquerait un vif mécontentement des Etats-Unis.
Près de la moitié du déficit commercial américain découle du déficit des échanges du pays avec la Chine.
Barack Obama, qui doit succéder à M. Bush le 20 janvier, n'a pas encore fait savoir s'il comptait que ce dialogue continue au niveau ministériel.
Pékin a dit mi-novembre espérer que l'expérience se poursuive.