Alors que les effets de la crise commencent à se faire sentir sur l'emploi, tant en Europe qu'aux Etats-Unis, les investisseurs attendent les décisions sur une baisse des taux de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque d'Angleterre (BoE) prévues jeudi.
Après une chute en octobre, les indicateurs économiques américains publiés mercredi connaissent un grand plongeon en novembre, venant confirmer que les Etats-Unis sont entrés dans la phase la plus brutale de la récession, avec des conséquences dramatiques pour l'emploi.
Un rapport du cabinet ADP a ainsi montré que le secteur privé américain a supprimé 250.000 postes en novembre.
Relevant que l'activité économique "a faibli" dans tout le pays en octobre-novembre, notamment dans les services, un secteur qui représente plus des trois quarts de l'emploi américain, le Livre Beige de la Réserve Fédérale (Fed), voit "la preuve d'un ralentissement de l'emploi dans de nombreuses région".
Les Big Three, General Motors, Chrysler et Ford, en grande difficultés financières, envisagent des réductions d'effectifs au moment où ils sont auditionnés au Congrès pour défendre les plans de restructuration qu'ils proposent en échange de l'octroi de 34 milliards de dollars de financements publics. General Motors s'est dit prêt à sacrifier un tiers de ses salariés aux Etats-Unis, soit 31.000 emplois, d'ici 2012.
La Maison Blanche s'est montrée ouverte à l'idée que l'aide publique apportée aux constructeurs dépasse les 25 milliards de dollars qu'elle évoquait jusque-là. Mais, le président élu Barack Obama a appelé à une aide qui soit conditionnée à "une évaluation réaliste de l'évolution du marché et des moyens de rendre ces entreprises durablement viables".
Le secteur automobile est touché également en Europe et en Asie. Les immatriculations de voitures neuves ont chuté de 36,8% en novembre au Royaume-Uni et de 18% en Allemagne.
Au Japon, le deuxième constructeur automobile, Honda, a indiqué qu'il n'allait pas reconduire les contrats de 760 ouvriers temporaires dans ses usines au Japon d'ici à fin janvier.
Les banques, fortement secouées par la récession, se séparent également de leurs salariés: Credit Suisse a annoncé la suppression de plus de 5.000 emplois et le groupe japonais de services financiers Nomura Holdings d'un millier d'emplois à Londres.
Dans ce contexte, les investisseurs attendent les décisions de la Banque centrale européenne (BCE), qui se réunit jeudi à Bruxelles, ainsi que celle de la BoE. Les Banques centrales de Nouvelles-Zélande, d'Indonésie et de Suède ont baissé leur taux directeur jeudi.
Alors que le PIB de la zone euro a baissé de 0,2% au mois de novembre, confirmation de l'entrée en récession, la BCE va selon toute attente de nouveau abaisser son principal taux directeur, actuellement à 3,25%, d'un demi-point, voire plus.
Certains experts parient en effet sur un geste plus marqué, sous la forme d'une baisse de 0,75 point de pourcentage, qui serait inédite dans l'histoire de la BCE.
La Banque d'Angleterre devrait, quant à elle, diminuer son taux directeur fixé à 3% d'un demi-point à un point de pourcentage, mais moins radicalement qu'en novembre où elle l'avait baissé d'1,5 point.
Dans l'attente de ces décisions, l'euro faiblissait nettement face au dollar, tandis que la livre tombait à son plus bas historique à 1,1526 euro pour une livre.
Les prix de l'immobilier au Royaume-Uni ont enregistré une nouvelle chute record en novembre de 14,9% sur un an, selon l'indice mensuel publié jeudi par la banque Halifax. Dans un discours programme prononcé mercredi par la reine Elizabeth II, mais écrit par le premier ministre, Gordon Brown, celui-ci s'est engagé à "assurer la stabilité de l'économie britannique dans la récession économique mondiale".
En France, où le taux de chômage a augmenté de 0,1 point au troisième trimestre, atteignant 7,3% de la population active, le président Nicolas Sarkozy va dévoiler à la mi-journée un plan de relance de l'économie de plus de 20 milliards d'euros, à Douai (Nord), où est implantée l'une des usines automobile Renault, un secteur particulièrement touché.
Ce cocktail de mesures, déclinaison française d'un plan de relance européen évalué à 200 milliards d'euros par la Commission de Bruxelles, vise à soutenir la consommation des ménages les plus pauvres, le secteur du logement, et surtout celui de l'automobile, poumon de l'industrie française.
La Chine et les Etats-Unis se sont engagés jeudi à travailler ensemble face à la crise mondiale, lors d'une réunion bilatérale. Le vice-Premier ministre Wang Qishan, a notamment prôné des actions conjointes "pour restaurer la confiance des marchés dès que possible", et "empêcher que la crise ne s'approfondisse".
Quand à la Russie, elle devrait enregistrer "un bon résultat" en termes de croissance cette année, de quelque 6,8-6,9% en dépit de la crise, selon le Premier ministre russe Vladimir Poutine qui a également déclaré que la Russie était prête à entrer au capital des grands groupes en difficulté.
Dans l'attente de ces différentes mesures, les Bourses européennes ont ouvert en légère baisse jeudi avant de se reprendre dans la matinée tandis que la Bourse de Tokyo terminait la séance de jeudi en baisse de 1,00% après avoir ouvert en hausse.
La Bourse de New York avait gagné 2,05% la veille. Les cours du pétrole ont continué de baisser en Asie, tombant sous les 46 dollars, des niveaux plus atteints depuis des années.