Réclamé par les constructeurs et déjà expérimenté dans les années 90, le dispositif de prime à la casse pourrait faire partie du plan de relance gouvernemental présenté jeudi, mais risque d'être insuffisant pour redresser les ventes de voitures qui s'effondrent avec la crise.
Maintenu à flot par la mise en place du bonus-malus écologique durant la première partie de l'année, le marché automobile français a plongé à partir d'octobre (-7%, puis -14% en novembre), à l'instar du marché européen.
L'industrie automobile "s'est arrêtée en octobre", a relevé mercredi le secrétaire d'Etat à l'Industrie Luc Chatel, affirmant qu'elle avait "besoin d'un plan d'urgence", "massif et ciblé".
"A situation exceptionnelle, une crise mondiale dans l'automobile, réponse exceptionnelle", a lancé le porte-parole du gouvernement, sans toutefois confirmer l'instauration en France d'une prime à la casse de 1.000 euros pour soutenir le secteur, annoncée mardi par Le Monde.
Ce type de prime, pour contribuer à renouveler le parc automobile et promouvoir des véhicules moins consommateurs de carburant et donc moins émetteurs de CO2, est réclamé par le secteur depuis des mois.
En France, l'âge moyen des voitures dépasse désormais huit ans et un véhicule sur trois a plus de dix ans.
Les professionnels de la distribution et des services de l'automobile du CNPA ont souhaité mercredi la mise en place d'une prime de 1.500 euros pour "l'élimination d'un véhicule de plus de dix ans en contrepartie de l'achat d'un véhicule de moins de cinq ans".
Début octobre, l'Association des constructeurs européens d'automobiles (ACEA) s'était déjà prononcée pour "des incitations pour éliminer les véhicules de plus de huit ans" et ce, sur une période de trois ans.
A l'heure actuelle, un système de "super-bonus" est en place dans le cadre du Grenelle de l'Environnement: d'un montant de 300 euros, il est versé à tout acheteur d'un "véhicule écologique" parallèlement à la mise au rebut d'un véhicule de plus quinze ans.
Pour Guillaume Mouren, analyste automobile chez Xerfi, une prime à la casse pourrait "donner un coup de pouce au marché" français et "permettrait de passer l'année 2009 qui sera difficile". Une reprise est ensuite attendue en 2010-2011, notamment sur les marchés espagnol, britannique, italien, qui bénéficierait aux constructeurs français, souligne-t-il.
"C'est quand même un pari", ajoute-t-il, se demandant si "cet effet ne sera pas amoindri par le premier effet d'aubaine du bonus-malus", qui "a fait anticiper des achats" en 2008.
Jacques Attali juge de son côté l'idée "pas mauvaise", mais "pas à la hauteur du problème". "Ce genre de prime, c'est bien quand il y a une petite baisse" des ventes, mais le secteur s'attend à une baisse "de l'ordre de 20 à 30%", a-t-il noté.
"Si la conjoncture se dégrade très, très fortement, ça ne suffira pas", pense aussi Guillaume Mouren.
L'analyste pointe d'autre part le risque d'un "net repli du marché une fois que la mesure sera suspendue", en rappelant le précédent de 1997: le marché avait reculé de 20% après la fin des primes à la casse instaurées en France les années précédentes.
Sous le gouvernement d'Edouard Balladur, une prime de 5.000 francs (762 euros) avait été instaurée de février 1994 à juin 1995 pour les véhicules de plus de dix ans. Un dispositif repris par le gouvernement d'Alain Juppé, d'octobre 1995 à octobre 1996, avec une prime de 5.000 à 7.000 francs (1.067 euros) pour les voitures de plus de huit ans.