Après la chute d'octobre, le grand plongeon en novembre: les indicateurs économiques américains publiés mercredi viennent confirmer que les Etats-Unis sont entrés dans la phase la plus brutale de la récession, avec des conséquences dramatiques pour l'emploi.
Le secteur des services, vital pour l'économie américaine, est désormais touché de plein fouet par la crise, comme en témoignent le baromètre d'activité ISM et l'enquête sur l'emploi du cabinet de ressources humaines ADP, dont les résultats sont bien pires que ce que prévoyaient les analystes.
Relevant que l'activité économique "a faibli" dans tout le pays en octobre-novembre, notamment dans les services, le Livre Beige de la Réserve fédérale (Fed), voit "la preuve d'un ralentissement de l'emploi dans de nombreuses régions", à quelques exceptions près.
Amorcée en octobre, la baisse de l'activité des services s'est intensifiée brutalement en novembre, selon l'indice des directeurs d'achats de l'association professionnelle ISM, qui est tombé à 37,3 points, contre 44,4 points en octobre.
C'est son niveau le plus bas depuis sa première publication en 1997. "La chute en piqué de l'activité dans les services en novembre est un nouveau rappel lugubre des conséquences potentiellement dévastatrices de la longue et douloureuse récession actuelle", souligne Brian Bethune, du cabinet IHS Global Insight.
L'indice a été plombé par trois de ses composantes essentielles: la production, les commandes nouvelles et l'emploi, toutes tombées à des niveaux jamais vus auparavant.
Le secteur des services représente plus des trois quarts de l'emploi américain et près de 80% de la richesse produite aux Etats-Unis.
Ses difficultés viennent ajouter à celles du secteur industriel, malade depuis maintenant deux ans, et dont l'activité est tombée en novembre à son plus bas niveau depuis mai 1982, selon l'autre indice ISM, publié lundi.
L'enquête du cabinet ADP est venue confirmer de son côté l'accélération de la dégradation du marché de l'emploi. Selon cette étude, le secteur privé américain a supprimé 250.000 postes en novembre, venant s'ajouter aux 179.000 destructions d'emplois du mois précédent et aux 26.000 de septembre.
Ces chiffres pires que prévu alimentent le pessimisme avant la publication prévue vendredi du rapport officiel sur l'emploi par le département du Travail.
Selon le consensus des analystes, ce rapport devrait faire apparaître 325.000 suppressions de postes en novembre et un taux de chômage de 6,8% (ce qui serait un plus haut depuis août 1993). Depuis le début de l'année, la première économie mondiale a déjà détruit plus d'un million d'emplois.
L'enquête ADP confirme deux nouvelles tendances apparues en octobre: les entreprises de services et les petites entreprises de moins de 50 employés (tous secteurs confondus) détruisent désormais plus de postes qu'elles n'en créent.
"La baisse de l'emploi dans les pme montre clairement que la récession déborde désormais bien au-delà de l'industrie manufacturière et du secteur du logement", à l'origine de la crise actuelle, écrit ADP.
Pour Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, "la baisse de la main d'oeuvre s'accélère à la fois dans le secteur industriel et dans celui des services: il n'y a plus aucun refuge".
Les chiffres révisés de la productivité américaine, également publiés ce mercredi, ont montré un nombre d'heures travaillées en baisse plus forte que prévu (-3,1% au lieu de -2,7%) au troisième trimestre dans les entreprises américaines. Une telle baisse n'avait plus été constatée depuis 2002.
L'institut privé Conference Board a relevé pour sa part une chute de 70.200 du nombre d'offres d'emploi postées sur internet, portant leur recul total pendant l'automne à 264.000.