Après avoir cédé Land Rover, Jaguar, Aston Martin et l'essentiel de ses parts dans Mazda, le constructeur automobile américain Ford, en mal de liquidités, a annoncé lundi qu'il réfléchissait à une possible vente de sa dernière grande filiale étrangère, la suédoise Volvo Car.
Le constructeur, en restructuration permanente depuis 2006, étudie "ses options stratégiques pour Volvo Car, y compris une possible vente". La décision finale n'est pas attendue avant plusieurs mois, a précisé Ford.
Une vente de Volvo Car, largement attendue par la communauté financière, s'effectuerait probablement à perte par rapport au prix conséquent payé par Ford au groupe diversifié Volvo AB en 1999: 6,45 milliards de dollars.
Cette annonce survient alors que Ford, aux côtés de ses concurrents General Motors et Chrysler, doit de nouveau participer à une série d'auditions décisives devant le Congrès cette semaine pour tenter d'obtenir une aide publique de 25 milliards de dollars. Ces fonds doivent servir à renflouer les trésoreries des "Big Three" américains de l'automobile, menacés par une crise de liquidités dès l'an prochain.
"Etant donné la situation économique critique et celle du secteur automobile, nous comprenons" la probable décision de Ford de céder sa filiale, a souligné un porte-parole de Volvo Car, interrogé par l'AFP à Stockholm.
A la Bourse de New York, le titre Ford prenait 2,97%, à 2,77 dollars vers 16H50 GMT, après avoir bondi de plus de 10% en matinée.
"Céder cette marque pourrait générer rapidement des liquidités pour le constructeur en difficultés, tout en le libérant de certaines obligations à l'opérationnel", saluaient les analystes du site Briefing.com, en rappelant qu'"un sauvetage (du secteur) piloté par le gouvernement est incertain".
Washington refuse en effet d'octroyer des aides à ses constructeurs sans de sérieuses contreparties: une refonte de leurs gammes pour y accroître la part des modèles "verts" et une réduction draconienne d'appareils de production démesurés face à un marché en chute libre.
Pour Ford, la réflexion engagée sur l'avenir de Volvo Car s'insert dans le cadre "du vaste éventail de décisions prise (par le groupe) pour renforcer son bilan et garantir qu'il dispose des ressources nécessaires pour mettre en oeuvre son plan de transformation".
Selon l'agence de notation financière S&P, qui a encore récemment dégradé Ford parmi les emprunteurs à haut risque, Ford a consommé 7,9 milliards de dollars de trésorerie au 3e trimestre. Avec 29 milliards dans ses caisses à fin septembre, le groupe dispose de moins d'un an pour se restructurer.
L'option d'une cession de Volvo Car, qui avait été jusqu'à présent écartée au profit d'une restructuration, est "une réponse au déclin sensible de l'industrie automobile dans le monde, surtout ces trois derniers mois, et à la sérieuse instabilité économique", a expliqué le PDG Alan Mulally.
Les ventes de Volvo avaient atteint un record absolu en 2000, avec 422.100 unités écoulées, selon le site internet de Ford.
Mais plus récemment, les ventes du constructeur suédois, connu pour ses véhicules robustes et sûrs, ont été confrontées au ralentissement prononcé du marché automobile partout sur la planète. En octobre, Volvo Car a entrepris un nouveau plan social, portant les réductions d'effectifs à 6.000 sur l'ensemble de l'année, soit 25% des effectifs mondiaux du groupe.