
Une réunion ministérielle pour conclure le cycle de Doha sur la libéralisation des échanges commerciaux, entamé en 2001, pourrait bien avoir lieu en décembre au siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la semaine qui s'annonce devant être décisive à cet égard.
"Ce qui paraît très clair, c'est qu'une réunion se profile", a expliqué une source proche de l'OMC à l'issue d'une rencontre à Genève entre une trentaine de pays membres de l'organisation et son directeur général Pascal Lamy.
Une semaine après l'appel des pays industrialisés et émergents (G20) de conclure le cycle avant la fin de l'année pour contrer les tentations protectionnistes dans une période de grave crise économique, l'espoir renaît de mettre enfin un terme au cycle de Doha considéré comme moribond après l'échec de la dernière rencontre ministérielle de juillet.
La réunion de dimanche a montré que "les ambassadeurs avaient reçu des directives claires de leurs gouvernements comme jamais auparavant", a précisé cette source.
"La pression des dirigeants pour avoir une réunion ministérielle est sans précédent", a-t-elle insisté.
Cette fois, Pascal Lamy semble disposer de l'appui politique qu'il attendait pour relancer le cycle qui avait buté l'été dernier sur une confrontation entre l'Inde et les Etats-Unis à propos d'un mécanisme de protection des marchés agricoles face à une augmentation des importations.
Dès le lendemain du G20, le directeur de l'OMC a engagé une série de consultations pour tester les intentions de chacun. Mais, que ce soit sur l'agriculture ou les produits industriels, les deux dossiers-clés, personne n'a osé montrer ses cartes, manifestement sous le choc de l'appel du G20.
La rencontre de dimanche a permis de clarifier la situation, réaffirmant la volonté des chefs d'Etat d'en finir avec le cycle de Doha lancé il y a sept ans. Il appartient désormais aux négociateurs de traduire cette volonté en des engagements chiffrés sur les baisses de droits de douanes ou de subventions, prévient-on à l'OMC.
La semaine à venir s'annonce donc cruciale: "Ce sera la semaine du ça passe ou ça casse", a prévenu le médiateur du groupe sur l'agriculture, le Néo-Zélandais Crawford Falconer.
Des réunions sont prévues tous les jours à l'OMC afin d'élaborer des textes contenant ces engagements chiffrés qui devront servir de base aux négociations des ministres.
"Je ne pense pas qu'il pourra y avoir une réunion sans texte", a expliqué la source proche de l'OMC. Mais si ces textes voient le jour, la date de la réunion ministérielle pourrait être annoncée dans une dizaine de jours, a-t-elle ajouté.
Conscients des discussions âpres qui les attendent, les ambassadeurs et hauts responsables envoyés des capitales se sont voulus réservés à l'issue de leur rencontre avec Pascal Lamy.
"Nous devons tenter" une réunion ministérielle, a estimé l'ambassadeur indien Ujal Singh Bhatia, soulignant que tout dépendrait "des progrès de la semaine".
L'envoyé du ministère indonésien du Commerce, Gusmandi Busdami, a été plus catégorique: "nous allons avoir une ministérielle entre le 10 et le 15 décembre, la volonté politique est là", a-t-il assuré.
En tout état de cause, le temps presse car l'arrivée d'une nouvelle équipe gouvernementale à la Maison Blanche en janvier, dont les intentions en matière commerciale sont loin d'être claires, pourrait changer totalement la donne.