La France a annoncé jeudi une révision "lucide" de sa prévision de croissance pour 2009 désormais attendue entre 0,2% et 0,5% pour tenir compte de la crise financière, mais le FMI s'est montré encore plus pessimiste en tablant sur une sévère récession.
Le gouvernement français a également admis que le déficit public sortirait l'an prochain de la limite fixée par le Pacte de stabilité budgétaire européen.
La France table désormais sur une croissance comprise "dans une fourchette de 0,2% à 0,5%" en 2009 contre 1% à 1,5% auparavant, a déclaré la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, lors d'une intervention au Sénat.
Cette révision est "responsable, exceptionnelle comme la situation l'exige, mais lucide", a plaidé Mme Lagarde, soulignant que les effets de la crise financière "commencent à se faire sentir et vont perdurer pendant plusieurs trimestres".
Face à cette modeste croissance anticipée par le gouvernement, les nouvelles prévisions du Fonds monétaire international (FMI) ont fait l'effet d'une douche froide. L'institution de Washington a averti jeudi que la France devrait subir une récession en 2009, avec un recul du PIB de 0,5%, tout comme l'ensemble de la zone euro.
La Commission européenne a quant à elle prévu lundi une croissance nulle en France l'an prochain avec un déficit public à 3,5%.
Le gouvernement n'ayant pas l'intention de compenser les pertes de recettes par des augmentations d'impôts, la révision en baisse de la croissance aboutit à "des déficits plus importants", a admis le ministre français du Budget, Eric Woerth.
Le déficit public initialement prévu à 2,7% du PIB en 2008 et 2009, se creuserait par conséquent à 2,9% cette année et 3,1% l'an prochain, au-delà de la limite de 3% tolérée par Bruxelles.
"Il ne s'agit nullement de s'affranchir du Pacte de stabilité et de croissance. La Commission européenne a d'ailleurs répété qu'elle tiendrait compte des circonstances exceptionnelles que l'ensemble de l'Europe connaît pour examiner la situation", a ajouté Eric Woerth.
Le dépassement de la limite des 3 points de PIB l'an prochain doit être "temporaire" et "notre effort sur la dépense nous permettra de retourner sous ce seuil dès 2010", a assuré le ministre.
A la faveur d'une croissance prévue à 2,5% en 2011 et 2012, le déficit public de la France passerait ensuite à 1,9% du PIB en 2011 puis à 1,2% en 2012, a-t-il précisé.
Après avoir une première fois renoncé à son objectif de "déficit zéro" pour la fin du mandat du président Nicolas Sarkozy, le gouvernement avait précédemment annoncé un déficit de 0,5 point en 2012.
La crise financière "laissera sur les économies des séquelles durables", a déploré Christine Lagarde, fustigeant "une crise des abus, des excès, des excès de crédit, d'endettement, de complexité, de cupidité, d'irrationalité".
Le gouvernement a aussi revu en baisse sa prévision d'inflation en 2009, à 1,5% contre 2% prévu dans le budget, pour tenir compte de la baisse des prix des matières premières, ainsi que sa prévision de taux de change (1,33 dollar pour un euro contre 1,45 auparavant).
Des facteurs favorables, en particulier pour les exportations, mais qui ne suffiront pas à compenser l'impact négatif de la crise financière, a souligné Mme Lagarde.