
La deuxième banque privée allemande Commerzbank a sauté le pas lundi et appelé à la rescousse l'Etat allemand, qui va la recapitaliser à hauteur de 8,2 milliards d'euros et pourra garantir pour 15 milliards d'euros de nouvelles dettes.
Lundi à 9H46 GMT, le marché saluait la décision de la banque et son titre bondissait de 9,95% à 9,26 euros à la Bourse de Francfort.
Commerzbank devient la première grande banque privée du pays à se faire recapitaliser par l'Etat.
Malgré les appels répétés du gouvernement, aucune grande banque privée ne s'était décidée à utiliser à plein le plan de sauvetage mis en place mi-octobre. Celui-ci, doté de 480 milliards d'euros, prévoit la garantie par l'Etat des prêts contractés de banque à banque, ainsi que la possibilité d'une recapitalisation.
Le ministère des Finances allemand a salué lundi "une démarche très responsable" de la part de la banque. Le patron de sa grande rivale Deutsche Bank, Josef Ackermann, avait quant à lui répété dimanche soir à la télévision que sa banque était suffisamment "forte" pour se passer de l'aide de l'Etat.

"Nous utilisons les instruments du plan parce que c'est une bonne chose pour la banque, les salariés et les clients", a commenté le patron de Commerzbank, Martin Blessing, dans un communiqué. La banque de Francfort (ouest), en cours de rachat de la filiale bancaire d'Allianz, Dresdner Bank, a perdu un tiers de sa valeur en Bourse en un mois.
Elle va bénéficier d'une injection de capital de 8,2 milliards d'euros de l'Etat allemand sous forme de "participation passive", c'est-à-dire que Berlin ne devient pas actionnaire. Cette somme viendra directement renforcer les fonds propres de Commerzbank.
La banque s'est en outre assurée la possibilité de faire garantir par l'Etat les crédits à court terme contractés auprès d'autres instituts, à hauteur de 15 milliards d'euros maximum.
"Nous n'avons pas besoin de ces garanties à l'heure actuelle", a précisé M. Blessing. Mais "elles nous offrent une possibilité supplémentaire de refinancement si les marchés devaient se tendre encore plus", selon lui.
En contrepartie, Commerzbank ne va pas distribuer de dividendes pour 2009 et 2010, ses dirigeants vont voir leur rémunération plafonnée et la banque ne versera pas de primes pour 2008 et 2009.
M. Blessing verra son salaire fixe plafonné à 500.000 euros annuels, contre 760.000 euros initialement prévus, a précisé un porte-parole de la "Coba". Les boni des dirigeants n'avaient pas été calculés car l'exercice 2008 est encore en cours, a-t-il précisé.
Commerzbank a également publié lundi de manière anticipée ses résultats pour le troisième trimestre : ses comptes ont viré dans le rouge entre juillet et septembre, avec une perte nette de 285 millions d'euros et une perte d'exploitation de 475 millions d'euros.
La crise financière a pesé sur ses opérations de marché à hauteur de 1,1 milliard d'euros.
"Les violentes turbulences de ces dernières semaines ont démontré une nouvelle fois que des prévisions réalistes pour 2008 ne sont pas possibles à l'heure actuelle", a déclaré Eric Strutz, le directeur financier de la banque dans le communiqué, se bornant à ajouter que 2009 sera une année de "défis".