
L'avionneur Boeing, empêtré dans une grève à l'issue incertaine, a présenté mercredi de "faibles" résultats trimestriels et tenté de rassurer sur son avenir, notamment sur les retards accumulés de son futur 787, sans vouloir chiffrer l'impact de ses difficultés.
"Clairement, les résultats du troisième trimestre ont été affectés par la grève des mécaniciens, mais aussi par les problèmes rencontrés par NOS fournisseurs sur le développement du 787", connu aussi sous le nom de "Dreamliner", a résumé le PDG Jim McNerney, lors d'une conférence téléphonique.
De mauvaises nouvelles venues s'ajouter "à un ENVIRONNEMENT économique difficile et instable" menaçant le carnet de commandes, a ajouté le PDG.
Boeing a vu son bénéfice net chuter de 38% à 695 millions de dollars au troisième trimestre, un chiffre inférieur aux estimations des analystes, qui avaient pourtant retiré un mois de production à cause de la grève des 27.000 mécaniciens qui a éclaté début septembre.
Les mécaniciens négocient une nouvelle convention collective avec la direction et ont refusé jusqu'à présent les propositions du groupe qui vise une modération salariale et voudrait externaliser des postes pour gagner en compétitivité.
Cette grève mobilise 16% des effectifs de Boeing et affecte principalement la région de Seattle (Etat de Washington, nord-ouest), où sont regroupées ses principales usines dans l'aviation civile. En conséquence, Boeing n'est parvenu à livrer que 84 appareils pendant le trimestre (35 de moins que prévu) après 115 au premier trimestre et 125 au deuxième.
Boeing a refusé de faire un point sur l'impact financier d'une grève qui pourrait durer encore longtemps et sur ses conséquences en termes de production - y compris celle du 787, gros pari commercial pour Boeing et source de problèmes industriels à répétition depuis deux ans.

"Nous donnerons des perspectives financières lorsque nous aurons compris l'impact de la grève", et lorsque celle-ci sera terminée, a fait valoir le PDG.
Ce manque de visibilité a été sanctionné par le marché, qui s'attendait à des annonces alors que plusieurs analystes évoquent de nouveaux retards pour le 787, dont le premier vol d'essai est prévu d'ici la fin de l'année, avec 25 livraisons programmées en 2009. L'action Boeing perdait 7,28% à 43,03 dollars vers 16H10 GMT.
Le syndicat des mécaniciens (IAM), s'appuyant sur des estimations de marché, évalue à ce jour à plus de 4,6 milliards de dollars l'impact de la grève sur le chiffre d'affaires et les bénéfices. Boeing a pour sa part indiqué avoir consommé 3 milliards de dollars en trésorerie au 3e trimestre et enregistré un manque à gagner de 550 millions de dollars sur son bénéfice opérationnel.
Les négociations avec l'IAM, doivent reprendre jeudi, et Boeing "veut être l'élément constructif dans ces discussions", pour pouvoir conclure un accord "plutôt tôt que tard", a martelé le PDG, concédant qu'"un certain nombre de points restent irrésolus".
"L'environnement économique actuel nous rappelle qu'il faut agir vite", a plaidé le directeur financier de Boeing, James Bell.
Toutefois, le groupe s'est dit "confiant" malgré le ralentissement de sa production et une potentielle baisse des commandes d'appareils par les compagnies aériennes. Boeing a dit planifier "au jour le jour" la reprise future de sa production, pour gagner du temps.
"Nous avons un carnet de commandes record de 349 milliards de dollars, un bilan solide, et nous intensifions les mesures de gains de productivité", a relevé le directeur financier.
Pour les compagnies clientes qui rencontreraient des problèmes de financement, dans un marché du crédit toujours sinistré, Boeing a dit discuter avec les banques créancières et être prêt à intervenir via sa division de services financiers.