Le sort d'Alitalia - faillite ou relance - devrait être fixé jeudi après-midi, les syndicats de la compagnie italienne, toujours très divisés, ayant été sommés de donner une réponse définitive au plan de sauvetage prévoyant plus de 3.000 licenciements.
Placés au pied du mur, les neuf syndicats doivent donner leur accord avant une réunion cruciale à 16H00 (14H00 GMT) à Milan de la Compagnie aérienne italienne (Cai), l'alliance des entrepreneurs italiens disposés à reprendre les activités de transport de passagers d'Alitalia, au cours de laquelle elle doit décider si elle va de l'avant ou si elle retire son offre.
Mercredi, après une réunion de la dernière chance au siège du gouvernement, trois des quatre confédérations, la Cisl, l'Ugl et l'Uil, ont donné leur accord au plan de sauvetage.
En revanche, la première confédération du pays, la CGIL, plus à gauche, pourrait refuser la privatisation "si rien ne change", a averti mercredi soir son secrétaire national, Fabrizio Solari, tandis que les syndicats autonomes de pilotes de de personnel navigant y sont toujours opposés.
L'heure tourne mais ces six syndicats, qui se sont déjà réunis longuement durant la nuit de mercredi à jeudi, doivent se revoir à 12H00 (10H00 GMT) afin d'élaborer des contre-propositions, notamment sur les contrats de travail, qu'ils veulent présenter aux repreneurs.
Le président de la Cai, Roberto Colaninno a assuré qu'il retirerait son offre s'il n'y avait pas de "consensus" entre les syndicats mais selon le quotidien La Repubblica (gauche), il pourrait passer outre à l'opposition des syndicats catégoriels, si la CGIL dit oui ou au moins s'abstient.
"Dans notre modèle d'entreprise, les pilotes sont des employés et non une association professionnelle", a dit M. Colaninno mercredi, prouvant sa défiance à l'égard de cette catégorie particulièrement revendicative.
Selon La Stampa (droite), les associés de M. Colaninno auraient exigé une réforme des relations sociales au sein de la future compagnie, afin de réduire le pouvoir des pilotes.
Le plan de reprise de la Cai, qui est prête à mettre un milliard d'euros sur la table, prévoit de conserver 12.500 salariés d'Alitalia et d'Air One, deuxième compagnie italienne avec laquelle elle doit fusionner, et de supprimer 3.250 postes.
La Cai est prête à ne pas toucher aux salaires, à condition que la durée de travail et la productivité soient augmentées, et a promis de reverser 7% des profits aux salariés.
Si le plan est accepté, Alitalia devrait ensuite nouer une alliance avec une compagnie étrangère qui pourrait prendre une participation minoritaire. Air France KLM, British Airways et Lufthansa sont intéressées.
Toujours détenue à 49,9% par l'Etat, Alitalia, insolvable, a été placée fin août sous administration extraordinaire. La compagnie, qui ne pourra bientôt plus payer son carburant, se rapproche chaque jour un peu plus de la faillite.
Un retrait de l'offre de la Cai entraînerait inéluctablement Alitalia dans le gouffre car le gouvernement, déjà aux prises avec Bruxelles sur le dernier prêt de 300 millions d'euros qu'il a consenti à la compagnie, ne pourra plus dépenser d'argent public pour la sauver.
Au total, l'Etat a englouti 5 milliards d'euros lors des quinze dernières années dans la compagnie sous forme de recapitalisation.
Et cela serait surtout un revers pour le chef du gouvernement Silvio Berlusconi, très opposé à l'offre de rachat d'Air France-KLM rejetée par les syndicats en avril, qui s'était engagé à trouver des repreneurs italiens, au nom de la défense de l'identité nationale.