La Bourse de Paris a creusé ses pertes mardi, le CAC 40 clôturant sur une baisse de 1,96%, plombé comme la veille par le secteur financier, alors que les inquiétudes, après la quasi-faillite de Lehman Brothers, se concentrent désormais sur le sort de l'assureur américain AIG.
L'indice vedette a lâché 81,57 points à 4.087,40 points, dans un volume d'échanges élevé de 8,706 milliards d'euros, après avoir chuté de 3,78% lundi, la pire dégringolade qu'il ait enregistrée depuis le 5 février.
Londres a abandonné 3,43% et Francfort 1,63%, tandis que l'Eurostoxx 50 s'est replié de 2,16 %.
Après avoir décroché de plus de 3% en cours de séance, la place parisienne limitait ses pertes en clôture, à la faveur du rebond de la Bourse de New York, soulagée par l'annonce d'un possible soutien des pouvoirs publics américains à l'assureur AIG pour lui éviter une faillite.
Au lendemain de la quasi-faillite de la banque d'affaires Lehman Brothers, les marchés s'inquiétaient du sort d'AIG, après que des agences de notation ont réduit leurs notes sur la dette du groupe, augmentant les craintes sur sa solvabilité et laissant planer la menace d'un dépôt de bilan, selon certains analystes.
Le gouverneur de l'Etat de New York, David Paterson, a indiqué mardi que l'assureur AIG ne disposait que de cette seule journée pour lever les quelque 75 à 80 milliards de dollars qui lui permettraient d'éviter la faillite, "une nouvelle qui a largement fait baisser" la place parisienne, selon Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
"Absorbés par le cas d'AIG, les marchés n'ont pas tenu compte de la solidité de Goldman Sachs, qui garde le cap dans la tempête", a précisé M. Marçais à l'AFP. La banque d'affaires a publié au troisième trimestre des résultats en nette baisse, mais une nouvelle fois supérieurs aux attentes.
L'ensemble des valeurs financières de la place parisienne ont souffert, la Société Générale perdant 4,72% à 55,97 euros, le Crédit agricole lâchant 5,18% à 12,08 euros, BNP Paribas abandonnant 3,05% à 58,08 euros, Axa cédant 2,90% à 19,76 euros, tandis que Dexia terminait en queue des valeurs vedettes, sur un repli de 8,48% à 8,721 euros.
"Les valeurs bancaires ont été très chahutées. Moins exposées aux difficultés américaines, elles ont moins chuté que d'autres banques européennes, mais ne sont pas épargnées pour autant", a expliqué Guillaume Garabédian, gérant chez Meeschaert Asset Management. Fortis, HBOS et UBS, ont respectivement plongé de 11,50% à Bruxelles, de 21,72% à Londres et de 17,21% à la Bourse suisse.
On constate par ailleurs sur le marché "la retour d'anticipations d'une baisse des taux directeurs par la Fed (la Réserve fédérale américaine)" mardi soir, a ajouté M. Garabédian.
Selon lui, une telle mesure serait "à double tranchant", "elle faciliterait la vie des grands établissements financiers américains et l'accès au crédit, mais elle pourrait aussi être interprétée par les marchés comme le signe que la situation est vraiment grave", et donc contribuer à "alimenter la panique".