
Les tractations sur l'avenir d'Alitalia se poursuivaient mardi pour éviter la faillite de la compagnie, dont le sauvetage devient un peu plus chaque jour un impératif national pour le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi.
Les neuf syndicats d'Alitalia doivent se réunir dans la journée avant que les négociations avec le gouvernement et la Compagnie aérienne italienne (Cai), l'alliance des entrepreneurs italiens disposés à reprendre Alitalia, ne reprennent mercredi pour parvenir à un accord avant l'assemblée générale de la Cai jeudi.
Les investisseurs italiens décideront à cette occasion "s'ils vont de l'avant ou s'ils retirent leur offre" face au blocage syndical, a averti le ministre du Travail Maurizio Sacconi, dans le quotidien Il Messagero.
Le gouvernement a réussi à relancer les négociations lundi en parvenant à un accord-cadre avec les repreneurs et les seules confédérations syndicales, jouant dans un premier temps la division syndicale, ce qui a déclenché la colère des syndicats de pilotes, d'hôtesses et de stewards.
Dans la soirée, ces derniers, qui avaient agité la menace d'une grève, ont finalement été reçus par le gouvernement et ont manifesté leur disponibilité à accepter cet accord.
"Les positions sont encore très éloignées", a cependant estimé mardi le président du syndicat de pilotes Anpac, Fabio Berti. Les repreneurs veulent faire accepter par les syndicats une diminution des salaires et une augmentation de la durée du travail.
Mais le gouvernement n'hésitera pas à réquisitionner les pilotes en cas de grève, a assuré Maurizio Sacconi.
Alors qu'une faillite d'Alitalia serait un revers pour Silvio Berlusconi, qui s'était engagé à trouver des repreneurs italiens après l'échec de la tentative d'Air France-KLM, le Cavaliere a remis la pression lundi soir sur les syndicats.
"Le moment est venu de faire appel au sens des responsabilités de tous ceux qui hésitent et semblent ne pas savoir que l'alternative" à l'accord "est la faillite et 20.000 emplois en moins", a dit M. Berlusconi.
La compagnie emploie environ 11.000 personnes et 8.300 personnes sont regroupées depuis 2006 dans une nouvelle entité baptisée Alitalia Servizi, regroupant les services de maintenance et qui est chapeautée par la holding publique Fintecna.
Le plan de la Cai prévoit 3.250 suppressions de postes, a-t-il rappelé.
"Il n'y a pas d'autre alternative. Le gouvernement a fait ce qu'il avait promis", a insisté M. Berlusconi.
Le chef du gouvernement a également annoncé qu'il regardait "du côté de (la compagnie allemande) Lufthansa", afin de nouer un partenariat avec Alitalia. Air France-KLM, qui possède 2% de la compagnie italienne, s'est déjà dit prête à entrer comme actionnaire minoritaire dans le capital d'Alitalia.
L'accord cadre signé dans la nuit de dimanche à lundi prévoit la reprise par la nouvelle Alitalia de 12.500 salariés (1.550 pilotes, 3.300 hôtesses et stewards et 7.650 techniciens, employés et cadres dirigeants), une avancée car les repreneurs prévoyaient initialement d'en réembaucher 11.500.
Le plan de sauvetage de la Cai prévoit la reprise des activités de transport de passagers et leur fusion avec Air One, deuxième compagnie italienne, tandis que les activités de fret et de maintenance lourde doivent être cédées.
Détenue à 49,9% par l'Etat, Alitalia s'est déclarée insolvable et a été placée le 29 août sous administration extraordinaire. La compagnie, qui vit sous perfusion grâce à un prêt de l'Etat et ne pourra bientôt plus payer son carburant, se rapproche chaque jour un peu plus de la faillite.