L'emploi salarié dans les entreprises du secteur concurrentiel a baissé de 0,1% au deuxième trimestre 2008 (-19.100 postes), ce qui ramène à 1% sa hausse par rapport au même trimestre 2007, selon des chiffres définitifs publiés jeudi par l'Insee.
Ces résultats confirment que l'économie, pour la première fois depuis 2003, a détruit au deuxième trimestre plus d'emplois qu'elle n'en a créé sur fond de contraction de l'activité. Ils révisent à la baisse l'estimation provisoire de l'évolution annuelle diffusée mi-août (+1,1%).
Fin juin, la France comptait donc 18.139.300 salariés.
Après 61.100 créations d'emplois salariés au premier trimestre (+0,3%), le deuxième trimestre marque un retournement de tendance lié à l'évolution de l'intérim, qui "se replie fortement (-7,3%, soit -48.500 postes)", note l'Insee.
Hors intérim, l'emploi dans les secteurs principalement marchands (hors agriculture, administration, santé et action sociale) a augmenté de 0,1% (+19.700 postes), soit un ralentissement comparé au premier trimestre (+0,2%, +35.700 postes).
L'Unedic (régime d'assurance-chômage), qui a révisé à la hausse ses données de créations d'emplois pour 2007 (+360.900, soit +2,2%), a fait état d'"un renversement de tendance au deuxième trimestre 2008 avec 35.000 pertes nettes d'emplois (-0,2% comparé au premier trimestre, +1,3% sur un an)".
"Cette baisse de l'emploi salarié, la première depuis le troisième trimestre 2003, s'explique par la plus forte chute de l'intérim jamais constatée sur un trimestre, avec 55.000 intérimaires en moins. La contraction du PIB s'est répercutée immédiatement sur l'emploi, alors que cela se ressent habituellement un mois ou deux après", a-t-on commenté à l'Unedic.
Du coup, l'Unedic, au champ statistique légèrement plus étroit que celui de l'Insee, va vraisemblablement revoir à la baisse mi-octobre son pronostic de créations d'emploi en 2008. Elle tablait en juin sur quelque 119.000 créations d'emplois.
L'Agence centrale des organismes de sécurité sociale (Acoss) qui fédère les Urssaf et dont le champ est encore différent, a corroboré la tendance du deuxième trimestre. "L'emploi salarié se replie légèrement (-0,1%) en raison d'une forte contraction de l'emploi intérimaire", écrit-elle.
Par secteur, selon l'Insee, la construction a été le seul à créer des emplois au deuxième trimestre, mais à un rythme "beaucoup moins soutenu" avec 4.400 emplois supplémentaires (+0,3%), après +12.100 (+0,8%) au premier trimestre. Depuis début 2005, les créations d'emploi s'élevaient à 15.000 en moyenne par trimestre.
Dans le tertiaire, les effectifs ont été réduits de 18.300 (-0,2%), après avoir crû de 47.800 postes (+0,4%). "Un tel repli n'avait pas été enregistré depuis le début des années quatre-vingt-dix. Il résulte principalement de la très forte baisse de l'intérim ce trimestre", souligne l'Insee.
Les nombreux emplois intérimaires se rangent en effet dans le tertiaire, même lorsqu'il s'agit de missions effectuées dans le bâtiment ou l'industrie.
Dans l'industrie, l'hémorragie d'emplois, continue depuis 2001, s'est poursuivie, avec 14.800 postes en moins (-0,4%), après -12.100 (-0,3%) au premier trimestre.
"Pour la première fois, l'industrie est passée sous la barre des 20% de l'emploi salarié", a-t-on noté à l'Unedic.