
La zone euro va flirter avec la récession économique cette année, a estimé mercredi la Commission européenne, en abaissant nettement sa prévision de croissance, la tendance devant en principe commencer à s'améliorer dans le courant de 2009.
Les quinze pays de la zone euro devraient connaître une croissance de 1,3% cette année par rapport à l'an dernier, a indiqué la Commission dans ses prévisions économiques intérimaires d'automne, alors qu'elle attendait encore 1,7% en avril.
Ils s'acheminent donc vers une très nette décélération de l'activité économique cette année puisqu'en 2007 la croissance avait encore atteint 2,6%. Pour l'ensemble de l'Union européenne, Bruxelles table sur 1,4%, contre 2% auparavant.
L'inflation, elle, devrait être encore plus forte que prévu. La Commission a nettement relevé son pronostic, à 3,6%, contre 3,1% attendus en avril.
"La poursuite des turbulences sur les marchés financiers depuis un an, le presque doublement des prix de l'énergie sur la même période et la correction sur certains marchés immobiliers ont eu un impact sur l'économie", a commenté le commissaire européen aux Affaires économiques Joaquin Almunia, cité dans un communiqué.
La Commission s'attend en l'état à ce que la zone euro évite, mais tout juste, une récession technique, qui se caractérise par deux trimestres consécutifs de recul du Produit intérieur brut (PIB).
Les quinze pays concernés devraient connaître une stagnation de leur PIB au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, puis une croissance de seulement 0,1% au quatrième trimestre, après une baisse de 0,2% au deuxième, selon elle.
Il ne s'agit toutefois que d'un pronostic, et le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a lui clairement identifié le risque d'une récession technique.
"Je ne vois pas pour l'ensemble de la zone euro un risque de récession" économique généralisée, telle qu'une contraction de l'activité sur l'ensemble de l'année, a dit M. Juncker devant le Parlement européen. "Tout au plus pourrais-je voir des risques d'une récession technique qui commencent à planer sur la zone", a-t-il ajouté.
D'ores et déjà, la Commission européenne prévoit que plusieurs pays européens connaissent au niveau national une telle récession, à commencer par l'Allemagne, première économie de la zone euro.
L'Allemagne devrait enregistrer, selon Bruxelles, un recul de 0,2% de son PIB au troisième trimestre, après une baisse de 0,5% au deuxième. Sur l'ensemble de l'année, la croissance allemande devrait cependant atteindre 1,8% sur un an.
Concernant l'UE, la récession devrait aussi toucher le Royaume-Uni, mais un peu plus tard, selon la Commission, qui table sur un recul de son PIB de 0,2% au troisième et au quatrième trimestre.
L'Espagne devrait elle aussi enregistrer une récession à la fin de l'année, avec une baisse de 0,1% de son PIB au troisième trimestre, puis de 0,3% au quatrième. Sur l'ensemble de 2008, la croissance devrait y être de 1,4% selon Bruxelles, qui revoit drastiquement son pronostic précédent (+2,2%).
La France en revanche devrait échapper, mais là encore de justesse, à la récession technique.
La Commission y prévoit une croissance 2008 à 1,0%, contre 1,6% précédemment, en ligne avec les dernières attentes du gouvernement français. Mais, après une baisse de son PIB de 0,3% au deuxième trimestre, Bruxelles prévoit qu'elle enregistre une stagnation au troisième trimestre puis une croissance de 0,1% au quatrième.
Il faudra attendre l'année prochaine pour voir l'Europe commencer à remonter la pente. A Bruxelles, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a parlé d'un début "de reprise graduelle" attendu "dans le courant de 2009".