Airbus et sa maison mère EADS ont décidé de poursuivre les implantations dans des pays de la zone dollar ou à bas coût, avec notamment la création d'une usine en Tunisie, dans le cadre d'un nouveau plan d'économies d'un milliard d'euros d'ici 2012 dévoilé mardi.
L'avionneur européen "va reprendre le projet de Latécoère d'implantation en Tunisie pour fabriquer des pièces classiques", a déclaré le président exécutif d'EADS Louis Gallois au journal Le Monde.
Cette mesure fait partie du plan d'économies Power8+, qui devra prendre le relais du plan Power8 après 2010 pour contrer la faiblesse persistante du dollar. Il a été présenté mardi lors d'un comité de groupe européen d'Airbus à Toulouse.
L'objectif est de réaliser un milliard d'euros d'économies supplémentaires d'ici 2012, provenant d'Airbus pour 650 millions et des autres divisions pour 350 millions.
Le projet tunisien était à l'origine développé par l'équipementier toulousain Latécoère, qui avait négocié avec Airbus pour la reprise de ses deux sites français de Méaulte et Saint-Nazaire-Ville. Les discussions avaient ensuite échoué.
L'usine de Tunisie dépendra directement d'Aerolia, la filiale française d'Airbus qui sera issue des usines Airbus de Méaulte et Saint-Nazaire-ville, et qui emploiera aussi 200 personnes dans des fonctions de soutien à Toulouse, a précisé à l'AFP le directeur général d'Airbus Fabrice Brégier.
Aerolia, filiale à 100% d'EADS, représentera un "chiffre d'affaires de l'ordre de 800 millions d'euros en 2010" et aura la responsabilité de toutes les pointes avant.
En Allemagne, la filiale premium Aerotech Gmbh, qui regroupera les usines d'Augsbourg, Nordenham et Varel, "aura un leadership sur les fuselages de grande dimension" et représentera un chiffre d'affaires "de 1,3 milliard d'euros", selon M. Brégier.
Airbus demandera aussi à cette filiale "de transférer des activités dans de la sous-traitance ou des productions à bas coût", a-t-il indiqué.
Louis Gallois a souligné son intérêt pour le Maghreb, la Chine, le Mexique et la Russie.
Les deux filiales auront "une taille critique qui leur permet de jouer dans la cour des grands et de s'ouvrir à d'autres marchés" que ceux d'Airbus, a fait valoir M. Brégier.
Par ailleurs, la finalisation de la cession de l'usine britannique de Filton, spécialisée dans les ailes, à l'anglais GKN est maintenant "une histoire de jours", selon lui.
Airbus va aussi faire grossir ses cinq centres d'ingénierie hors d'Europe (deux aux Etats-Unis, un en Chine, un en Inde et un en Russie).
Ils emploient aujourd'hui 800 salariés au total mais chacun d'entre eux devrait compter "300 à 400 personnes" à l'HORIZON 2012, selon M. Brégier.
Toutefois, Power8+ "n'a pas de volet emploi", a souligné M. Gallois: "La croissance du marché est telle que nous pouvons le faire sans remettre en cause NOS implantations actuelles". La production chez Airbus doit augmenter "de plus de 50% entre 2007 et 2011", a-t-il souligné.
Power8, annoncé en février 2007, prévoyait pour sa part 10.000 suppressions d'emplois d'ici 2010, dont la moitié chez les sous-traitants.
Les syndicats d'Airbus se sont cependant déclarés "inquiets" de l'internationalisation croissante du groupe.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, a mis en garde contre les dangers de "l'externalisation" et a souligné qu'il ferait "tout pour que les filiales industrielles restent 100% EADS".
Le comité d'entreprise allemand de l'avionneur a aussi fait part de "grosses réserves sur les délocalisations d'autres tâches".