Première destination touristique mondiale, la France se dotera à partir de janvier 2009 d'une cinquième étoile pour ses hôtels de luxe et autres palaces, qui seront ainsi mieux armés face à une concurrence internationale accrue.
Ce nouveau label, qui mettra fin à "l'exception française" limitant le plus haut de la grille à "4 étoiles luxe", s'inscrit dans le cadre d'un vaste dépoussiérage du classement hôtelier. Les contours de cette réforme ont été précisés lundi par le secrétaire d'Etat au Tourisme Hervé Novelli.
"L'ancien classement hôtelier a vécu, il remonte à 1986, à une époque où l'internet n'était pas encore généralisé. Les nouveaux critères seront plus adaptés à la vie moderne", a-t-il expliqué.
La création d'une cinquième étoile, qui s'accompagnera d'un vaste effort de rénovation évalué à "10 milliards d'euros d'ici 2012", permettra de "tirer vers le haut toute la chaîne hôtelière" en France.
principal motif de la réforme, réclamée de longue date par les hôteliers: le classement en France deviendra plus lisible pour les touristes étrangers habitués du grand luxe, qui descendent dans des 5 étoiles à Tokyo, New York ou Buenos Aires pour se retrouver dans un "simple" quatre étoiles à Paris.
Certains concurrents de la France comme le Maroc, la Turquie ou l'Egypte ont vu proliférer des hôtels 4 ou 5 étoiles, qui ne correspondent guère aux normes occidentales, de quoi déboussoler davantage les voyageurs. A Dubaï, destination à la mode, l'hôtel Burj Al Arab est allé jusqu'à s'autoproclamer "7 étoiles".
Afin de clarifier le maquis des labels, une loi sera présentée en Conseil des ministres "en fin d'année" et précisera les modalités de la procédure d'attribution du nouveau classement (1 à 5 étoiles).
Dans le cadre de la grille en vigueur, les étoiles (catégories O à 4 luxe) étaient attribuées par les préfets sur la base de normes quantitatives (superficie, équipements sanitaires, téléphone, ascenseur...), qui ne tenaient guère compte de la qualité de l'accueil.
Elaborés par les syndicats hôteliers, les nouveaux critères (plus de 300 contre une centaine auparavant) devraient remédier à ce manque en introduisant des notions liées au service.
Si les contrôles sont confiés à des cabinets privés, sous l'égide d'un l'organisme public, Odit France, "l'Etat demeure le garant du classement", a assuré M. Novelli. Nouveauté, les contrôles, qui seront facturés aux hôteliers, seront renouvelés tous les cinq ans.
Interrogé sur l'opportunité d'introduire aussi un label "palace", une catégorie supérieure aux "5 étoiles", il a indiqué que cette question n'avait "pas encore été tranchée". "Il est difficile de quantifier des critères reflétant l'âme ou l'histoire d'un hôtel", a-t-il dit.
M. Novelli s'exprimait à l'occasion d'une visite de l'hôtel Royal Barrière à Deauville (Calvados), l'un des candidats au label "5 étoiles".
"On attendait cette réforme depuis longtemps, la France avait du retard par rapport aux autres pays", s'est-on félicité au groupe Lucien Barrière.
"La cinquième étoile permettra de mettre fin aux incohérences auxquelles était confrontée notre clientèle étrangère", a commenté Jean-Paul Lafay, président du Club des dirigeants des grands hôtels de Paris.
Il s'est toutefois montré réservé quant à l'éventuelle création d'une catégorie "palace": "on ne peut pas labelliser des produits d'exception".
Pour l'heure, le cercle fermé des palaces à Paris (Bristol, Crillon, Meurice, George V, Plaza-Athénée, Ritz et Fouquet's Barrière) échappe à toute nomenclature.