Les deux organismes-clés du refinancement hypothécaire aux Etats-Unis, Freddie Mac et Fannie Mae, étaient en passe dimanche d'être secourus par les pouvoirs publics, avec une annonce attendue dans la journée.
Sans confirmer les spéculations crescendo des derniers jours sur l'annonce d'un sauvetage avant la fin du week-end, le Trésor américain et le nouveau régulateur supervisant le refinancement hypothécaire (FHFA) ont annoncé tenir dimanche à 11H00 locales (15H00 GMT) un point presse conjoint à Washington.
Le motif de la conférence de presse, qui réunit le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le directeur du Federal Housing Finance Agency (FHFA), James Lockhart, n'a pas été précisé.
Cette reprise en main par les pouvoirs publics, si elle a lieu, représentera une nouvelle intervention majeure de Washington dans l'édifice financier américain pour tenter de résorber une crise qui dure depuis un peu plus d'un an. L'administration Bush était déjà derrière le sauvetage de la banque d'affaires Bear Stearns au printemps.
Fannie Mae et Freddie Mac détiennent ou garantissent 5.200 milliards de dollars de créances hypothécaires, soit plus de 40% de l'encours de crédit immobilier du pays.
Ces deux organismes sont chargés de racheter et de garantir des prêts immobiliers aux organismes de crédit afin de les aider à obtenir des conditions plus favorables. Freddie et Fannie ne sont pas liés formellement à l'Etat américain mais disposent d'une ligne de crédit garantie par ce dernier.
Accumulant les pertes et pris à la gorge financièrement --ils doivent refinancer 223 milliards de dollars de dettes d'ici fin septembre, selon des analystes--, leur situation alarme les marchés et le pouvoir politique à Washington depuis des semaines.
Leur effondrement aurait des répercussions directes sur les établissements de crédit et, par ricochet, sur les particuliers qui empruntent.
Ces derniers jours, les indices se sont multipliés quant à une intervention imminente de Washington, alors que le principe d'une aide à Freddie Mac et Fannie Mae avait été annoncé en juillet, mais sans que les modalités soient encore arrêtées. Un dispositif législatif accordant des pouvoirs d'intervention au Trésor avait été voté.
Selon la presse des deux derniers jours, la plan de sauvetage s'articule pour l'essentiel autour d'une mise sous tutelle des deux organismes, le temps de les restructurer. Une injection de capital serait également au programme.
Les candidats à l'élection présidentielle américaine, le démocrate Barack Obama, son rival républicain John McCain, ainsi que sa colistière Sarah Palin, ont tous approuvé le principe d'une mise sous tutelle.
Le président de la commission sur le secteur bancaire et immobilier du Sénat, le sénateur Chris Dodd, a indiqué samedi s'être entretenu la veille avec Henry Paulson, qui lui a "confirmé vouloir se servir de son nouveau pouvoir pour agir" sur Freddie Mac et Fannie Mae.
Le sénateur a approuvé dans un communiqué le principe "d'une intervention du gouvernement qui consolide notre économie".
"Cette crise a été déclenchée par l'échec de l'Administration à arrêter des prédateurs du crédit", a-t-il ajouté, faisant référence au boom débridé ces dernières années du marché du crédit hypothécaire et des produits financiers structurés autour de ces créances.
Pour ce sénateur, comme pour beaucoup d'observateurs, l'impératif dans ce sauvetage est lié au fait que Freddie Mac et Fannie Mae "jouent un rôle essentiel dans l'accès aux Américains qui travaillent dur à des prêts à des conditions abordables".