Les entreprises pourront aider leurs salariés obligés d'utiliser leur voiture alors que les prix des carburants flambent en leur versant à chacun 200 euros par an, exonérés de charges, "sur la base du volontariat", affirme le Journal du Dimanche.
Le Premier ministre François Fillon doit rendre prochainement son arbitrage sur cette aide, entre les revendications pressantes des syndicats et le refus du patronat de se voir imposer de nouvelles charges.
L'entourage du Premier ministre a souligné dès samedi soir, et réaffirmé dimanche qu'aucun arbitrage ne pourrait intervenir avant que les partenaires sociaux n'aient remis leurs propositions à M. Fillon. Le délai est fixé au 15 septembre.
Pour les salariés qui utilisent les transports en commun, le gouvernement envisagerait d'étendre le dispositif en vigueur en Ile-de-France, qui oblige les employeurs à payer la moitié de l'abonnement transport du salarié. Ce dispositif serait exonéré de charges sociales.
Si cette dernière mesure devrait recueillir l'assentiment des syndicats, qui l'avaient tous demandée, l'idée d'une prime facultative pour les salariés utilisant leur voiture devrait rencontrer une forte opposition syndicale.
Le secrétaire général de Force ouvrière Jean-Claude Mailly est monté au créneau dès dimanche sur RTL, en exigeant "une prime à caractère obligatoire", car "il y a beaucoup de salariés aujourd'hui qui ne peuvent pas faire autrement que de prendre leur véhicule pour aller travailler, parce que le transport collectif n'existe pas, ou qu'ils travaillent en horaire décalé".
Il a également jugé "un peu court" les 200 euros proposés.
Le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a également estimé que "ceux qui sont obligés de prendre leur voiture (...) ne peuvent pas attendre du bon vouloir de leur chef d'entreprise d'être pour partie remboursés de leur frais".
M. Fillon souhaitait que les partenaires sociaux puissent décider "ensemble des conditions d'application" de cette aide, mais au final, seules trois organisations syndicales (FO, CFTC et CGC) ont accepté l'invitation lancée par la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) à discuter sur le sujet.
Réunies jeudi, ces organisations ont prévu de se retrouver mercredi pour tenter de "faire des préconisations communes", tout en reconnaissant des divergences sur le mode de financement d'une telle aide.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, avait décliné l'invitation, refusant de participer à l'"erreur économique" que constitue selon elle l'aide au transport, et à une négociation "dont l'enjeu unique serait d'augmenter les charges des entreprises".
L'UPA (artisanat) s'est également opposé "à toute mesure qui imposerait une charge financière supplémentaire aux entreprises", et la CGPME a demandé à l'Etat "d'assumer financièrement le poids de ses décisions politiques".
Du côté syndical, la CGT et la CFDT avaient également décliné l'invitation à la discussion, en raison de l'absence du Medef, mais comme l'ensemble des autres syndicats, elles jugent que la responsabilité des entreprises dans le financement doit s'imposer.