Le gouvernement continue de miser à fond sur une croissance verte de l'économie française et entend proposer à partir du 1er janvier 2009 un éco-prêt à taux zéro pour les particuliers afin d'encourager les travaux d'isolation thermique et les économies d'énergie.
Après le bonus-malus automobile et avant la prochaine extension du dispositif à plusieurs produits de grande consommation (téléviseurs, ampoules, électro-ménager...) c'est cette fois le bâtiment privé qui est ciblé.
"Alors que la consommation ralentit, le particulier n'est guère enclin à emprunter pour lancer des travaux d'isolation thermique. Avec le prêt à taux zéro, il rembourserait les travaux pour un montant égal à ce qu'il payait en consommation d'énergie", explique le ministère de l'Ecologie et de l'Energie, qui présentera sa mesure au conseil des Ministres avant la fin du mois.
Surtout, les services de Jean-Louis Borloo insistent: "c'est un dispositif qui touche tout le monde, tous les foyers, sans discrimination de revenu".
Il serait remboursable en sept à huit ans, "soit directement aux banques, soit à un organisme de liaison" qui reste à définir, ajoute le ministère.
"Globalement la facture d'énergie du consommateur restera la même, mais elle servira en réalité au remboursement des frais d'installation et des travaux d'isolation", explique un conseiller.
De son côté, l'Etat compensera l'intérêt dû aux banques.
Bercy estime que cette opération coûtera environ un milliard d'euros à l'Etat, calculs conformes à ceux du ministère de l'Ecologie.
Le bâtiment est l'un des secteurs les plus consommateurs d'énergie en France (42,5 % de l'énergie finale) et c'est aussi l'un des plus émetteurs de gaz à effet de serre avec 123 Mt de CO2 (23 % des émissions nationales).
La philosophie du Grenelle de l'environnement, lancé en octobre 2007 et dont les déclinaisons législatives arrivent cet automne au Parlement, était d'amorcer la révolution verte de l'économie française.
L'éco-prêt était alors présenté par la table ronde d'experts sur le bâtiment comme un "mécanisme incitatif puissant", directement inspiré de l'expérience allemande du "CO2 KfW".
Lancé depuis une dizaine d'années par la "Kreditanstalt für Wiederaufbau" (KfW, banque pour la reconstruction, créée après guerre) pour lutter contre le changement climatique, ce "prêt CO2" s'est avéré efficace: les faibles intérêts y sont garantis sur 10 ans, et les économies d'énergie atteintes donnent lieu à un bonus sur le remboursement du prêt.
L'entourage de M. Borloo fait valoir l'impact de l'éco-prêt sur la facture énergétique de la France, sur la réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, mais aussi sur l'activité économique notamment des PME.
"Bien sûr qu'au départ l'Etat va investir, mais il va s'y retrouver: c'est comme le bonus automobile dont on reconnaît aujourd'hui l'impact positif sur l'industrie", insiste un conseiller.
La Fédération française du bâtiment s'est réjouie de cet "excellent dispositif" tout en se demandant comment l'Etat le financera.
L'organisation de défense des consommateurs UFC-Que Choisir y voit pour sa part "un coup de pouce dans le bon sens", à condition que l'offre des professionnels puisse suivre la demande, souligne-t-elle.
L'UFC relève également, comme la fédération France Nature Environnement (FNE, 3.000 association), les nombreux points encore en suspens sur la durée précise de remboursement et le type de travaux éligibles notamment.