Alitalia réunit vendredi, à Rome, son conseil d'administration pour lancer la nouvelle compagnie aérienne qui naîtra de la scission de l'actuelle société et du placement sous administration extraordinaire des activités jugées non rentables.
Le conseil d'aministration, qui a commencé à se réunir à Rome en début de matinée, doit également révéler l'étendue exacte des pertes de la compagnie pour le premier semestre 2008, qui devraient atteindre 400 millions d'euros selon les analystes.
"La seconde étape pour la naissance de la nouvelle Alitalia débute aujourd'hui", résumait vendredi le quotidien La Stampa, au lendemain d'un conseil des ministres qui a modifié la loi sur les faillites afin de permettre le sauvetage de la compagnie italienne plongée dans des difficultés abyssales.
Le décret-loi adopté par le gouvernement de Silvio Berlusconi va ainsi permettre à Alitalia de déroger à la loi antitrust et d'intégrer dans la nouvelle société assainie des actifs d'Air One, deuxième compagnie de la péninsule.
Le texte autorise également les grandes entreprises en difficulté placées sous administration extraordinaire à accélérer certaines procédures, telles que les cessions d'actifs, de contrats et les suppressions de personnel.
Dans la foulée vendredi, le conseil d'administration de la compagnie aérienne devrait donc entériner le plan de sauvetage mis au point par la banque Intesa SanPaolo, qui prévoit la scission d'Alitalita et la création d'une nouvelle société regroupant les activités rentables, détenue par 16 actionnaires italiens prêts à mettre ensemble un milliard sur la table.
Le conseil d'Alitalia demandera ensuite le placement sous administration extraordinaire de la partie déficitaire de la compagnie italienne.
Jeudi, Air France-KLM s'est dit prête à s'impliquer dans le redécollage d'Alitalia via "une participation minoritaire au capital" de la nouvelle société.
Cette participation de la compagnie franco-néerlandaise, qui avait retiré son offre sur Alitalia au printemps dernier face à l'opposition des syndicats et aux critiques de Silvio Berlusconi, pourrait se situer entre 5 et 10%, avance vendredi le quotidien Il Messaggero qui ne cite pas ses sources.
Vendredi, Roberto Colaninno, patron du groupe Piaggio désigné pour présider la nouvelle société, a indiqué dans la presse qu'outre Air France-KLM, l'Allemande Lufthansa était également en lice pour une participation minoritaire.
"Nous sommes en train de traiter avec les deux. L'une d'entre elles nous sera indispensable", a déclaré à La Repubblica M. Colaninno.
"Beaucoup de compagnies étrangères se sont fait connaître, Air France a fait part de sa disponibilité, mais Lufthansa n'est pas à exclure. Il faut à présent voir quel sera le choix final", a également déclaré M. Colaninno dans une interview à Il Sole-24 Ore.
Il a précisé que ce partenaire "ne disposera de toute façon que d'une stricte minorité" dans la nouvelle Alitalia.
"C'est une partie que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre", a encore commenté dans La Repubblica Roberto Colaninno.
"Personne ne peut acheter Alitalia dans l'état où elle est. Même avec toute ma bonne volonté, je ne suis pas le magicien Merlin. L'entreprise est cuite, elle n'existe plus, il n'y a plus rien", selon ses termes.
Alitalia emploie 11.100 personnes pour l'activité de transport aérien, tandis que 8.300 autres travaillent dans les services de maintenance renommés AZ Servizi, société chapeautée par une holding publique.