
Les prix des produits alimentaires ont grimpé de plus de 6% entre septembre 2007 et mai 2008, selon une enquête de l'UFC-Que Choisir, une inflation que le gouvernement espère freiner avec la loi de modernisation (LME), applicable depuis peu.
Les enseignes de la grande distribution ont augmenté leurs prix de 6,6% en moyenne de septembre 2007 à mai 2008, selon cette enquête publiée dans le mensuel de l'association de consommateurs daté de septembre.
Monoprix a enregistré les plus fortes hausses (+9%), indique l'enquête réalisée auprès de 1.145 magasins et basée sur 67.411 prix relevés.
Hyper U/Super U, Carrefour, Cora, Géant Casino et Auchan ont augmenté les prix de plus de 7%. Les supermarchés Atac (Auchan) affichent des hausses plus modestes (+4%), tout comme Intermarché et Leclerc, qui ont augmenté leurs prix de respectivement 5,5% et 5,8%.
Les prix des produits alimentaires n'ont cessé d'augmenter depuis mi-2007, en partie à cause de la flambée des prix des matières premières agricoles.
Une étude du cabinet Nielsen, réalisée pour l'hebdomadaire spécialisé LSA à paraître jeudi, montre que les prix des produits alimentaires ont encore augmenté en juillet (+4%), après +3,9% en juin.
L'Institut national de la statistique avait de son côté indiqué mi-août que l'alimentation avait augmenté en juillet de 6,4% sur un an.
Mais le gouvernement compte sur la LME, adoptée cet été et immédiatement applicable, pour inverser la tendance.
Cette dernière autorise les distributeurs à négocier les tarifs de leurs fournisseurs, ce que les enseignes n'avaient pas le droit de faire depuis 1996. Les distributeurs, menés par Leclerc, avaient réclamé cette réforme, promettant qu'elle permettrait de freiner l'inflation.
Carrefour a d'ores et déjà lancé l'offensive, promettant depuis la semaine dernière de baisser les prix jusqu'à 20% sur 300 produits de grandes marques.
"La LME va permettre une concurrence sur les produits de grandes marques. Les produits à marque de distributeurs (MDD) ne devraient plus augmenter si les matières premières n'augmentent pas", a commenté Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.
"Les industriels de grandes marques sont conscients que le consommateur ne suivra pas les hausses de prix", a-t-il ajouté, estimant que l'étude de l'UFC-Que Choisir n'était "pas une révélation". "Personne ne conteste les hausses depuis le début de l'année", a-t-il indiqué.
Depuis quelques mois, les consommateurs s'adaptent en effet, réduisant les volumes achetés, s'approvisionnant davantage chez les discounters et achetant plus de MDD, 24% moins chères que les grandes marques, selon des cabinets d'études.
"On espère que la LME aura un effet favorable sur les prix. Pour cela, il faut que tous les acteurs jouent le jeu", a estimé Thierry Saniez, délégué général de l'association de consommateurs CLCV, qui déplore un manque de transparence dans la formation des prix.
Une autre loi adoptée fin 2007 et appliquée depuis mars 2008, qui donnait également plus de marge de manoeuvre aux distributeurs pour baisser les prix, n'a en effet eu que peu d'influence sur les étiquettes.
La CLCV a parallèlement réclamé mardi "une juste répercussion" des baisses des prix des matières premières constatées ces derniers mois sur les prix aux consommateurs.
Selon les experts, la hausse des prix est également liée à un manque de concurrence entre enseignes. La LME prévoit une plus grande liberté, puisque les magasins de moins de 1.000 m2 pourront ouvrir sans demander d'autorisation, contre un seuil de 300 m2 auparavant.