Les cours du brut prenaient un dollar jeudi matin en raison de craintes sur la production, ce qui met un terme à plusieurs journées de baisses consécutives, le ralentissement de l'économie mondiale nourrissant les spéculations d'affaiblissement de la demande.
Vers 10H00 GMT (12H00 à Paris), le baril de Brent pour livraison en septembre prenait 1,55 dollar à 118,55 dollars par rapport à la clôture de mercredi soir sur l'InterContinental Exchange de Londres.
A la même heure, le baril de "light sweet crude" pour livraison en septembre gagnait 1,65 dollar à 120,23 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).
Les prix de l'or noir étaient tirés à la hausse jeudi par l'annonce de la fermeture pendant environ quinze jours de l'oléoduc pétrolier Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) touché mardi soir par un incendie, suite à une explosion sur un tronçon situé à l'est de la Turquie.
L'incendie devrait se prolonger pendant deux jours (jusqu'à ce que ce tronçon de l'oléoduc se vide de son pétrole) avant que les travaux puissent commencer, a indiqué un responsable de la compagnie nationale pétrolière et gazière turque BOTAS.
"Mais rien n'est garanti et, dans le doute, on pourrait voir se multiplier les achats de couverture", commentait Olivier Jakob du cabinet Petromatrix.
L'oléoduc BTC, inauguré en 2006, achemine l'équivalent d'un million de barils par jour de la mer Caspienne jusqu'au terminal turc de Ceyhan, à destination des marchés occidentaux.
Autre motif de tension sur les marchés, les six pays impliqués dans les discussions sur le programme nucléaire iranien envisageaient mercredi de nouvelles sanctions contre l'Iran, en l'absence de "réponse claire" de Téhéran sur l'offre de coopération internationale.
L'Iran, quatrième producteur mondial d'or noir, a menacé de fermer le détroit d'Ormuz par où transitent environ 40% du pétrole mondial si ses intérêts étaient en jeu.
Le directeur adjoint de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Olli Heinonen, est arrivé à Téhéran jeudi pour évoquer la coopération de l'agence avec l'Iran.
"Il semble que le jeu qui consiste à repousser le délai puisse durer jusqu'au résultat des élections américaines" soulignait Olivier Jakob, lesquelles élections pourraient avoir bientôt un impact sur les cours, selon les choix géopolitiques opérés.
Par ailleurs, les prix étaient soutenus par "un billet vert testant à nouveau des seuils de résistance face à l'euro, alors que la décision et les commentaires de la Banque centrale européenne sont attendus jeudi à la mi-journée", relevait l'analyste.
Un statu quo monétaire est largement anticipé par les marchés et l'euro, déjà tiré vers le bas par les signes de ralentissement économique, pourrait retomber, entraînant une nouvelle baisse des prix du pétrole.
Alors que la consommation d'énergie semble déjà marquer le pas aux Etats-Unis, premier consommateur mondial de pétrole, les économies européenne et japonaise commencent à montrer à leur tour des signes d'essoufflement.
Les prix du pétrole avaient accusé un nouveau recul après l'annonce mercredi d'une reconstitution surprise des stocks de brut aux Etats-Unis.
En revanche, les stocks d'essence, particulièrement observés pendant l'été, période de grands déplacements en voiture aux Etats-Unis, ont fondu. Une baisse, la deuxième consécutive, qui s'explique par une diminution dramatique des importations correspondant à un écroulement de la demande, selon des analystes.
Les prix du brut ont perdu près de 30 dollars par rapport à leurs records de juillet (147,50 à Londres et 147,27 à New York).
"L'ensemble des matières premières reste sous pression", notait Olivier Jakob, jugeant que "les banques et fonds d'investissement étaient devenus plus prudents sur ce segment".