
La Banque centrale européenne (BCE) a décidé jeudi de laisser son principal taux directeur inchangé à 4,25%, a annoncé une de ses porte-parole, conformément aux attentes.
L'institution monétaire avait relevé en juillet ce taux d'un quart de point, dans l'espoir de limiter l'envolée de l'inflation en zone euro. Depuis plusieurs mois, l'inflation atteint des niveaux records, alimentée par la hausse des prix énergétiques et alimentaires.
La croissance en zone euro s'est affaiblie, a reconnu jeudi lors d'une d'une conférence de presse à Francfortt e président de la BCE Jean-Claude Trichet, qui a fermé la porte à de nouvelles hausses de taux dans l'immédiat malgré une inflation "inquiétante".
"Nous avions identifié certains risques pour la croissance (...). Certains se matérialisent", a admis le Français, qui prédit un ralentissement net au deuxième et au troisième trimestre.
Le mois dernier, les prix à la consommation ont encore progressé de 4,1% sur un an, du jamais vu depuis la création de la zone euro en 1999, soit plus du double que l'objectif de la BCE d'une hausse légèrement inférieure à 2%.
Mais la BCE, dont la principale mission est de maintenir la stabilité des prix, doit également composer avec les signes de plus en plus patents d'un ralentissement économique chez les Quinze.
La première estimation de la croissance dans la zone euro au deuxième trimestre sera publiée le 14 août. Les analystes tablent sur une contraction du Produit intérieur brut (PIB), après +0,7% au premier trimestre comparé au précédent.
D'autres grandes banques centrales, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la BoE (Banque d'Angleterre), ont laissé leurs taux inchangés cette semaine, elles aussi tiraillées entre les dangers inflationnistes et un ralentissement économique.
Les derniers indicateurs économiques "suggèrent que la croissance réelle de la croissance pour la mi-2008 sera substantiellement plus faible que pour le premier trimestre de l'année", a reconnu M. Trichet, sans plus de précisions.
Ceci était partiellement attendu, après une croissance solide au premier trimestre, de 0,7% comparé au précédent, a-t-il estimé.
"Nous allons attendre de voir ce que seront nos nouvelles prévisions (...) en septembre", a-t-il ajouté, interrogé sur le risque de récession agité par de plus en plus d'économistes.
L'institution monétaire publiera le mois prochain ses prévisions trimestrielles actualisées pour l'inflation et la croissance.
Malgré tout, le président de la BCE a redit que les fondamentaux économiques en zone euro restent "sains" à moyen terme.
Une première estimation du PIB pour les quinze pays de la zone euro pour le deuxième trimestre doit être publiée le 14 août.
Le conseil des gouverneurs de la BCE (son organe de décision) "n'a pas d'orientation" pour la suite et ne s'engage jamais à l'avance. Par cette formule, il a fermé la porte à de nouvelles hausses de taux pour l'immédiat. La BCE avait auparavant laissé son principal taux directeur inchangé.
M. Trichet a également jugé que l'inflation, qui a atteint le niveau record de 4,1% en juillet, est à un "niveau inquiétant". Ceci justifie la pertinence de la dernière hausse du principal taux directeur d'un quart de point, à 4,25%, en juillet, a-t-il ajouté.
Les risques inflationnistes, alimentés par la hausse des prix énergétiques et alimentaires, augmentent à moyen terme, a répété le Français, qui a appelé à éviter tout effet de second tour, c'est-à-dire des hausses de salaires élevées qui viendraient encore renforcer le taux d'inflation.