Le gouvernement de Silvio Berlusconi, pris en tenaille entre les pressions de ses partenaires européens et l'opposition de son allié la Ligue du Nord à une ample réforme des retraites, devait continuer jusque tard dans la nuit des pourparlers pour parvenir à un accord.
Un conseil des ministres s'est terminé vers 18H40 GMT sans qu'aucune décision ne soit annoncée, ont constaté des journalistes de l'AFP, en raison de divisions persistantes au sein de la majorité sur les retraites.
Selon des sources gouvernementales, Umberto Bossi, le chef de la Ligue du Nord refuse qu'on touche aux retraites à l'ancienneté, système très répandu dans le Nord industriel où il a son fief électoral permettant de partir à la retraite à 60 ans contre 65 ans pour les retraites classiques.
Des pourparlers étaient en cours et devaient se poursuivre toute la nuit pour déboucher sur un accord politique avec des mesures peut-être plus "soft" qu'initialement prévues, mais visant à rassurer les partenaires européens de l'Italie.
Mis au pied du mur dimanche à Bruxelles, en particulier par le couple franco-allemand, le "Cavaliere" avait promis d'agir en retardant l'âge de départ à la retraite à 67 ans, afin de l'aligner sur d'autres pays européens.
Mais la Ligue du Nord lui a opposé un non catégorique.
"Notre position est très claire sur la réforme des retraites: nous avons déjà donné", a lancé le ministre de l'Intérieur, Roberto Maroni, un poids lourd de la Ligue.
Pendant le week-end, M. Berlusconi a été rappelé à l'ordre par l'UE qui lui a réclamé des engagements fermes en matière de réformes structurelles pour relancer une croissance atone et de réduction de la dette avant un nouveau sommet européen mercredi.
"Les partenaires de l'Italie ont besoin de clarté. Il est important qu'ils soient convaincus", a souligné lundi le porte-parole de la Commission européenne pour les Affaires économiques, Amadeu Altafaj.
M. Berlusconi a très mal pris un échange de sourires amusés dimanche entre le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel lorsqu'ils ont été interrogés sur la manière dont s'était déroulée leur entrevue avec lui.
M. Berlusconi s'est défendu en contre-attaquant. "Personne n'est en mesure de donner des leçons à ses partenaires", a-t-il déclaré dans un communiqué officiel, en soulignant que la crise de l'euro touchait "en particulier" le système bancaire "franco-allemand", très exposé aux dettes des pays fragiles de l'UE. M. Berlusconi a assuré que "personne n'avait quoi que ce soit à craindre" de l'Italie, "troisième économie" de la zone euro.
"Nous honorons notre dette publique ponctuellement, nous avons un excédent primaire plus vertueux que NOS partenaires et nous atteindrons l'équilibre budgétaire en 2013", a-t-il soutenu.
L'Europe exige de l'Italie des mesures et un calendrier précis pour éviter qu'une propagation de la crise de la dette à ce pays qui souffre d'un manque de crédibilité sur les marchés, ne mette en péril l'ensemble de la zone euro.
L'UE réfléchit en parallèle à l'OPTION de soutenir l'Italie en rachetant, via son Fonds de secours, de la dette italienne sur le marché afin que le pays puisse se financer à des conditions raisonnables, ont indiqué à l'AFP deux sources diplomatiques.
L'Europe a réclamé des réformes non seulement du système des retraites mais aussi du marché du travail, afin de stimuler l'emploi pour les jeunes, et du cadre législatif pour les entreprises.
La péninsule a déjà réformé en profondeur son système de retraites ces dernières années.
Le système, qui est bénéficiaire, compte deux catégories de retraites: la "pension de vieillesse", dont l'âge est fixé à 65 ans pour les hommes et passera progressivement de 60 à 65 ans pour les femmes, et la "pension d'ancienneté", qui permet actuellement de partir à 60 ans à condition d'avoir cotisé au minimum 36 ans.
L'Italie a adopté cet été des mesures d'austérité draconiennes censées permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire dès 2013, mais le gouvernement a depuis tergiversé sur la mise au point d'un plan de relance de la croissance, ce qui a alimenté la spéculation et les inquiétudes des marchés.