Sous une pression croissante des agences de notation, le gouvernement semble résolu à réviser une nouvelle fois à la baisse sa prévision de croissance pour 2012, ce qui exigerait de facto un nouveau plan d'austérité, mais le timing de l'annonce fait encore débat.
Selon la ministre du Budget, Valérie Pécresse, interrogée par l'AFP, cette annonce devrait attendre, sinon le sommet du G20 des 3 et 4 novembre à Cannes, du moins les deux sommets européens de dimanche et mercredi.
"Le gouvernement donne la priorité à la réussite des deux rendez-vous internationaux des prochains jours ", a expliqué Mme Pécresse, en arguant qu'ils étaient "de nature à éclaircir l'HORIZON économique et (à) permettre de mieux appréhender le niveau de la croissance de 2012".
A en croire le quotidien Le Figaro, la direction du Trésor plaide pour une "annonce rapide", avant même le G20, tandis que l'Elysée et Matignon voudraient temporiser encore.
Pressée de questions, la ministre du Budget n'a pas formellement exclu que la prévision officielle de la croissance pour 2012, toujours fixée à 1,75%, soit révisée avant la réunion de Cannes.
De toute évidence, plus personne ne semble croire à cette prévision. Le ministre de l'Economie, François Baroin, a lui-même envisagé qu'elle soit inférieure à 1,5%. Quant aux "conjoncturistes", ils ne tablent plus que sur 0,9%, voire 0,8%.
Quoi qu'il en soit, la pression sur le gouvernement augmente, alimentée par les marchés, mais aussi par l'exemple allemand.
Berlin a pris les devants jeudi. Sa révision est drastique, puisque sa prévision de croissance pour 2012 a été ramenée à 1,0%, contre 1,8% attendu précédemment. "Les risques en provenance de l'étranger ont sensiblement augmenté", a constaté le ministre allemand de l'Economie, Philipp Rösler.
Dans le même temps, l'étau des agences de notation se resserre autour du "triple A" français, précautionneusement mais explicitement remis en question.
Moody's d'abord a annoncé lundi se donner trois mois pour requalifier, éventuellement, de "stable" en "négative" la perspective de la note française. Si l'agence américaine franchissait ce pas, la dégradation effective de la note pourrait intervenir quelques mois plus tard.
Et vendredi, avec toutes sortes de précautions oratoires, sa consoeur Standard & Poor's a évoqué dans une étude l'impact potentiel d'une rechute violente de la zone euro dans la récession, ou même d'une simple aggravation de la crise. Conséquence pour la France, selon elle: la perte de son "AAA" -la meilleure note possible- qui serait abaissée d'un cran, à "AA+".
Ces coups de griffe ont une fois de plus entamé la confiance des marchés, qui se résignent déjà à la perte du précieux sésame. L'écart entre les taux d'intérêts sur les dettes publiques françaises et allemandes a ainsi franchi 1,2 point en cours de séance vendredi, du jamais vu.
"Il faut être réaliste, aux yeux du marché, la France a déjà perdu son précieux +triple A+", a commenté Philippe Hab de la société de gestion SPGP.
Restent les conséquences d'une révision de la croissance, à commencer par une nouvelle cure d'austérité. La première, annoncée fin août, était d'un montant relativement modeste au regard des purges pratiquées ailleurs en Europe, puisqu'elle ne dépassait pas 12 milliards d'euros.
La seconde pourrait atteindre quelque 5 milliards d'euros. C'est du moins le calcul du rapporteur général du Budget à l'Assemblée, l'UMP Gilles Carrez, sur la base d'une prévision de croissance ramenée à 1%, si le gouvernement veut tenir son objectif de réduction du déficit budgétaire.