
Le secteur bancaire allemand a réclamé jeudi le soutien de son gouvernement face aux projets européens de recapitalisation, qui selon lui pourraient aggraver la crise en "laissant penser que les banques européennes connaissent de prétendues faiblesses".
Les tests de résistance que les autorités européennes font passer aux banques, "exagèrent les risques" et risquent "d'aggraver la crise", ont écrit les présidents des fédérations bancaires publiques et privées allemandes, dans une lettre au ministre des Finances Wolfgang Schäuble, dont l'AFP a obtenue copie.
"Il n'est pas dans l'intérêt d'une stabilisation des marchés financiers de laisser penser que les banques européennes connaissent de prétendues faiblesses, en exigeant un renforcement arbitraire de leurs capitaux propres", ajoutent-elles.
"Nous estimons qu'une mise au clair de la part du gouvernement allemand s'impose", poursuivent-elles.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a appelé à une recapitalisation "d'urgence" des banques pour stopper la contagion de la crise de la dette, proposant de relever le niveau minimum de fonds propres demandé aux établissements.
Mais "d'éventuels besoins de capitaux propres doivent être couverts par chacune des banques, sous sa propre responsabilité, et elles doivent avoir assez de temps avant que dans un deuxième temps, les Etats injectent du capital, le cas échéant", selon les Fédérations bancaires.

Plus tôt jeudi, l'influent patron de Deutsche Bank Josef Ackermann avait déclaré qu'il "lui paraissait douteux qu'une hausse du niveau des fonds propres pour l'ensemble des banques soit une mesure appropriée pour résorber la crise de la dette publique".
"Le débat actuel sur la recapitalisation est contre-productif parce que d'une part il envoie le message qu'une (nouvelle) décote est plus probable, et d'autre part comme les moyens nécessaires à une recapitalisation ne vont sûrement pas venir des investisseurs privés, ce serait finalement aux Etats de lever les fonds, ce qui ne ferait qu'aggraver la crise de la dette", selon lui.
Selon les propositions de M. Barroso, les banques devront solliciter pour leur recapitalisation des capitaux privés, les Etats apportant un soutien si nécessaire.
Dans l'hypothèse où l'aide publique ferait aussi défaut, les capitaux devraient provenir du Fonds européen de stabilité financière (FESF).
Ce débat sur la recapitalisation est intimement lié à la crise de la Grèce. Il semble en effet de plus en plus probable que la dette de ce pays va faire l'objet d'une décote plus importante que celle de 21% décidée en juillet dernier, ce qui implique de lourdes pertes pour les banques détentrices d'obligations publiques émises par Athènes.