
L'Europe voit poindre la menace d'une nouvelle récession économique, la deuxième en trois ans, les politiques de rigueur budgétaire imposées partout par la crise de la dette ajoutant un poids supplémentaire sur une activité économique déjà atone.
Face à l'aggravation de la crise de la dette et à des indicateurs économiques virant au rouge, économistes, agences de notation et analystes sonnent l'alarme.
Sur les marchés financiers, les investisseurs ont déjà pris en compte les prévisions les plus pessimistes, qui contribuent à l'actuelle débâcle boursière.
"Nous tablons toujours sur une croissance en 2012, même très modeste, mais l'activité pourrait se retourner. Un risque de récession n'est donc pas à exclure", a admis mercredi à Bruxelles Antonio Borges, directeur Europe au Fonds monétaire international (FMI) lors d'une conférence de presse.
Début septembre, l'institution de Washington tablait sur une croissance de 1,1% dans la zone euro en 2012, un chiffre déjà revu à la baisse par rapport à de précédentes estimations, mais elle envisageait aussi un scénario du pire mêlant récession généralisée et extension de la crise de la dette.
Doutant d'une "répétition de la crise de 2008-2009", l'ocde avait elle aussi mis en garde contre un risque renforcé "d'une période de croissance négative au cours de la période à venir". "Une récession n'est pas exclue dans certaines grandes économies", avait déclaré son chef économiste.
Certains comme la banque américaine Goldman Sachs prévoit même dès la fin de l'année une "légère récession" en zone euro, qui se caractérise par deux trimestres consécutifs de recul du Produit intérieur brut.

Après un début d'année encourageant, le ciel s'est progressivement assombri en zone euro, avec une croissance de 0,2% entre avril et juin.
Ce chiffre a contraint la Commission européenne à revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour le troisième trimestre (+0,2%) et le quatrième (+0,1%), mais elle exclut pour l'instant un risque de récession.
La menace est réelle mais peut encore être évitée, souligne l'agence Standard & Poor's, qui vient de mettre en garde contre un tel risque.
A condition, selon elle, que la demande des pays émergents comme la Chine reste forte et que la consommation soit soutenue en Allemagne et en France.
Autre facteur important: la poursuite des programmes de soutien monétaire par les banques centrales, souligne l'agence de notation.
A cet égard, la réunion de la Banque centrale européenne (BCE) dans l'après-midi sera surveillée, alors que de plus en plus d'analystes parient sur un abaissement des taux à moyen terme, face à une conjoncture très dégradée. En agissant ainsi, l'institut monétaire ferait machine arrière après avoir relevé son principal taux directeur à deux reprises, face aux craintes sur l'inflation.
Pour le FMI, la réponse viendra essentiellement de la zone euro qu'il a une nouvelle fois appelée à "trouver une solution durable à la crise de la dette".
"Les pays bénéficiant de taux bas devraient envisager de reporter une partie de leurs objectifs en matière de consolidation budgétaire", suggérait l'institution dans un rapport rendu public mercredi.
Dans le même temps, elle invitait à ne pas casser la croissance dans les pays européens les plus fragiles, en tentant à tout prix de réduire leurs déficits.