La BCE a annoncé jeudi des mesures en faveur des banques européennes, que les gouvernements se tiennent prêts à renflouer, sans rassurer pour autant les Etats-Unis sur la gestion de la crise de la zone euro.
Les Bourses ont elles choisi l'optimisme, la plupart des grandes places européennes finissant en hausse jeudi, rassurées par la perspective de nouveaux milliards pour le secteur bancaire.
Les gouverneurs de la BCE, qui se réunissent habituellement à Francfort mais avaient fait cette fois le déplacement à Berlin, ont maintenu sans grande surprise à 1,5% leur taux directeur, étalon du crédit en zone euro.
Ils ont déçu le FMI, qui espère une baisse de taux, mais le président de la BCE Jean-Claude Trichet a reconnu que les dirigeants de l'institution avaient évoqué une telle possibilité.
Le Français, qui a pour la dernière fois présidé cette réunion mensuelle avant de céder la place à Mario Draghi, a toutefois annoncé une série de mesures pour permettre aux banques européennes menacées par la déconfiture de la Grèce de continuer à fonctionner.
Le président sortant de la BCE a ouvert aux banques deux nouvelles lignes de crédit à volume illimité sur un an, une durée exceptionnellement longue, et leur a promis 40 milliards d'euros d'argent frais.
Hors zone euro, la Banque d'Angleterre (BoE) a aussi frappé un grand coup en annonçant l'injection de 75 milliards de livres, l'équivalent de 87 milliards d'euros, pour tenter de relancer l'économie.
Jean-Claude Trichet a aussi "enjoint" les banques à "faire tout ce qui est nécessaire pour renforcer leurs bilans". Lui faisant écho, la chancelière Angela Merkel a déclaré jeudi qu'il ne "fallait pas hésiter" à consolider les instituts fragiles, au besoin en passant par les mécanismes d'aide européens.
Plus tôt, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso avait proposé "une action coordonnée" en Europe pour débarasser les banques de leurs actifs toxiques.
Ces déclarations n'ont pas empêché le président américain de revenir à la charge jeudi sur la résolution trop lente à son goût de la crise en zone euro. Les dirigeants européens doivent "agir vite", a plaidé Barack Obama, réclamant un "plan d'action très concret" lors du sommet du G20 prévu en novembre.
M. Obama a averti que la crise en Europe pourrait avoir un impact "très réel" sur les Etats-Unis.
La grande crainte, aux Etats-Unis comme en Europe, est que la crise de la dette se transforme en crise du secteur bancaire, comme en 2008 après la faillite de Lehman Brothers aux Etats-Unis.
Les banques seraient alors incapables d'irriguer l'économie réelle. Cette menace est d'autant plus sérieuse que les signes d'un ralentissement économique se multiplient dans la zone euro, dont le champion, l'Allemagne, a fait état jeudi de chiffres décevants pour ses commandes industrielles.
La banque franco-belge Dexia, au bord de la faillite, illustrait à merveille jeudi les risques liés au secteur bancaire. Le démantèlement de l'établissement, voie choisie pour son sauvetage, est compliqué par son omniprésence dans le financement des collectivités locales françaises.
Le gouvernement espagnol a lui choisi de renvoyer la balle dans le camp des banques, en les sommant d'assumer elles-même les pertes éventuelles d'argent public liées à leur restructuration, afin de ne pas compromettre les objectifs de déficit de Madrid.
Le débat sur une recapitalisation des banques européennes est intimement lié à la situation en Grèce, où les établissements risquent de perdre plus d'argent que prévu, à en croire les réflexions en cours sur une décote radicale des obligations du pays.
La Grèce, au lendemain d'une journée de mobilisation sociale, vit dans l'attente du verdict des envoyés spéciaux de ses créanciers, BCE, UE et FMI, sur ses réformes.
Le chef de file des ministres des Finances européens, Jean-Claude Juncker, a dit jeudi que cette troïka rendrait son rapport "vraisemblablement" le 24 octobre, répétant qu'il espérait un feu vert à un nouveau versement d'aide à ce pays.