Le chômage en Allemagne a atteint en septembre un nouveau plus bas depuis la réunification de la première économie européenne, mieux armée ainsi pour faire face au ralentissement annoncé de la conjoncture.
Imperméable à la tourmente sur les marchés financiers et à la crise de l'euro, le taux de chômage brut a baissé à 6,6%, contre 7% en juillet et août, qui marquaient déjà un plus bas depuis la réunification du pays.
L'Allemagne comptait en septembre un petit peu moins de 2,8 millions demandeurs d'emplois, "pour la première fois depuis 1992", s'est félicité le ministre de l'Economie Philipp Rösler.
En données corrigées des valeurs saisonnières, le taux de chômage a aussi baissé, plus que ne l'anticipaient les économistes, à 6,9% contre 7% un mois plus tôt.
Le nombre de demandeurs d'emplois a reculé y compris pour les catégories plus touchées par le chômage, comme les femmes, les jeunes et les plus âgés.
Signe positif supplémentaire, "l'emploi précaire recule encore plus vite que le chômage", souligne Christian Schulz, de la banque Berenberg.
Les entreprises allemandes ont même des difficultés à trouver de la main d'oeuvre qualifiée, et poussent le gouvernement à assouplir les règles d'immigration pour attirer des travailleurs étrangers. Une loi facilitant la reconnaissance de leurs diplômes est en cours d'adoption au Bundestag.
Le pays jouit d'un taux de chômage bien plus bas que les autres grandes économies développées. Au sens du Bureau international du travail, il s'inscrivait ainsi à 6,1% en juillet (dernier mois disponible pour des comparaisons), contre 9,9% en France ou 9,1% aux Etats-Unis.
La performance de septembre "est un signe que l'économie a continué de bien évoluer au troisième trimestre", a déclaré le ministre de l'Economie. Le PIB a progressé de 0,1% au deuxième trimestre et officiellement, devrait croître de 2,6% cette année.
Comme dans toute l'Europe, secouée par la crise de la dette, les perspectives économiques ne sont pourtant pas brillantes, et de nombreux économistes tablent sur une "récession modérée" en fin d'année.
Ces derniers jours, les sondages réalisés en Allemagne sur les milieux financiers (ZEW) et les entrepreneurs (Ifo) ont révélé les inquiétudes profondes sur les mois à venir. Parallèlement, l'inflation reste à un niveau élevé, +2,6% en septembre.
Dans ce contexte, le fait que le chômage baisse et "que les salaires vont augmenter plus en 2011 que les années précédentes devrait permettre à la consommation des ménages de progresser au deuxième semestre et compenser en partie les exportations, qui sont en moins bonne forme", analyse Christian Ott, de Natixis.
C'est aussi une "bonne nouvelle pour les finances publiques", car cela signifie moins d'indemnités à payer et plus de cotisations sociales récoltées, ajoute son confrère de la banque Berenberg.
Malgré "les conséquences de la crise de la dette en zone euro, les inquiétudes sur le secteur bancaire qui en découlent et le ralentissement de l'économie américaine, l'économie allemande semble avoir assez de ressources propres pour éviter une récession", renchérit Timo Klein, de Postbank.
A court terme, le marché du travail ne montre pas de signes d'essouflement. "La demande de main d'oeuvre reste forte", selon le directeur de l'Agence pour l'emploi, Frank Weise.
L'Allemagne récolte ainsi selon lui les fruits de ses "réformes structurelles", c'est à dire dix ans d'efforts pour contenir les salaires et rendre le marché du travail plus flexible.
Le chômage reste toutefois préoccupant dans l'Est. Il atteint 12,7% à Berlin contre 3,4% en Bavière, riche région du Sud en situation de plein emploi.