Après Total à Dunkerque en 2010 et Petroplus en juin à Reichstett (Bas-Rhin), la compagnie pétrochimique américaine LyondellBasell a à son tour annoncé mardi son projet de fermer sa raffinerie de Berre, pour laquelle elle n'a pas trouvé de repreneur.
L'intersyndicale a aussitôt annoncé qu'elle allait soumettre au vote des salariés la tenue d'une grève "forte" avec "blocage de l'ensemble du site pétrochomique". Une assemblée générale était en cours à la mi-journée.
"La bête est blessée mais on n'est pas morts, on ne va pas se laisser abattre", ont confié des salariés, sous le couvert de l'anonymat, avant d'entrer en AG. D'autres avaient déployé des banderoles à l'entrée du site. Sur l'une d'elles, on pouvait lire "L'avenir du raffinage: Flandres, Reichstett... A qui le tour ?"
"Les gens sont atterrés, l'émotion est terrible", a dit le coordinateur CFE-CGC de l'usine, Rémy Patron, estimant que les syndicats avaient en face "une direction qui s'(était) comportée comme des voyous".
LyondellBasell avait annoncé son projet en début de matinée, au cours d'un comité d'entreprise extraordinaire.
"Malgré les efforts des salariés et de la direction, la raffinerie continue de subir de lourdes pertes et ne parvient pas à devenir rentable", a expliqué le directeur général du site de Berre Jean Gadbois dans un communiqué de presse.
"Sans réelle perspective de rachat, nous avons donc l'intention d'engager une procédure de consultation sur un projet de fermeture de la raffinerie", a-t-il ajouté. Selon la direction, "370 emplois seraient concernés".
Exprimant dès la semaine dernière son inquiétude face à une possible fermeture, l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFE-CGC, FO, CFTC) a menacé d'"une grève de grande ampleur".
Selon LyondellBasell, "85 entités à travers le monde ont été approchées" au cours du processus de mise en vente, mais en vain, la raffinerie n'ayant "malheureusement fait l'objet d'aucune offre de rachat".
Par conséquent, "la Compagnie Pétrochimique de Berre S.A.S. (CPB), qui exploite la raffinerie, va mettre en oeuvre, conformément à la réglementation française, une procédure d'information et de consultation des représentants du personnel sur un projet de fermeture de la raffinerie", qui devrait débuter en octobre, précise encore le communiqué.
D'une capacité de 105.000 barils de pétrole par jour, la raffinerie avait été mise en vente en mai, les résultats s'étant "révélés inférieurs aux projections économiques faites à l'époque de l'acquisition" au géant anglo-néerlandais Shell en 2008, selon LyondellBasell, qui souhaite se concentrer sur les activités pétrochimiques, son "coeur de métier".
La raffinerie est adossée à un complexe comptant environ 1.250 salariés. Autour de l'Etang de Berre, situé à l'ouest de l'agglomération marseillaise, quatre raffineries sont installées, qui assurent le tiers du raffinage français.
Selon la direction, "la fermeture envisagée de la raffinerie ne devrait avoir d'effet ni sur les dépôts, ni sur les unités pétrochimiques, ni sur les installations des autres opérateurs présents sur le site".
Cette annonce fait suite à l'arrêt l'an dernier par Total de sa raffinerie des Flandres, près de Dunkerque, et la fermeture en juin par le groupe suisse Petroplus de son site de Reichstett.
Les groupes pétroliers cherchent de plus en plus à réduire leur présence sur le Vieux Continent, où la demande de pétrole est en baisse et la rentabilité faible.
La France métropolitaine, qui comptait 23 raffineries à la fin des années 70, n'en recense plus que 11 encore en activité aujourd'hui.