Face à la pression accrue des marchés sur le secteur bancaire européen, l'établissement franco-belge Dexia pourrait poursuivre sa restructuration en procédant à des cessions supplémentaires et en se délestant de son activité de financement des collectivités locales.
Dans la tourmente depuis plusieurs semaines, les banques européennes sont l'objet d'inquiétudes liées à leur exposition à la dette des pays en difficulté et à leur capacité à se financer.
Les établissements français ont particulièrement souffert en Bourse, perdant en moyenne 50% de leur valeur depuis début août.
A l'instar de ses consoeurs hexagonales, qui rejettent l'idée évoquée d'une recapitalisation par l'Etat, Dexia vise plutôt une réduction de son bilan.
Depuis la crise de 2008, où elle avait frôlé la faillite, "Dexia a cédé 73 milliards d'euros au total (à fin juin 2011)", a rappelé lundi un porte-parole de la banque. Pour 2011, 24,5 milliards d'euros ont été cédés.
Avec 1,8 milliard de provisions constituées au deuxième trimestre en prévision de la dépréciation d'actifs, et un ratio de fonds propres "durs" très au-dessus des exigences de l'Autorité bancaire européenne (EBA), Dexia assure avoir "les moyens de poursuivre cet effort activement".
Le groupe a en revanche refusé de chiffrer les cessions à venir, démentant le chiffre de 20 milliards d'euros évoqué par Les Echos. Cette somme "ne correspond pas aux objectifs du groupe", selon son porte-parole.
Pour alléger son bilan, Dexia étudie également la cession de son portefeuille de crédits aux collectivités à la Caisse des dépôts (CDC), ont indiqué à l'AFP des sources concordantes, confirmant des informations publiées samedi par Le Figaro. La CDC et Dexia ont refusé tout commentaire.
Le Figaro évoquait la constitution d'un pôle de financement des collectivités associant Dexia, Banque Postale et la CDC. Le Journal du Dimanche et l'hebdomadaire belge Trends ont parlé d'une séparation entre l'activité de financement aux collectivités et la banque de détail en Belgique.
"Il n'y a aucun projet sur la table visant à scinder Dexia et il n'y a aucun projet de modification de l'actionnariat du groupe", a assuré le patron de Dexia Pierre Mariani au quotidien financier belge L'Echo. "Nous n'avons aucunement l'intention de sortir du métier de financement des administrations locales", a-t-il ajouté.
Interrogé par l'AFP, le sénateur Jean Arthuis (Union centriste), membre de la Commission de surveillance de la CDC, a indiqué n'avoir été "saisi de rien sur le sujet", mais voit dans cet éventuel rapprochement "le retour au bercail" de Dexia, dont l'entité française Crédit Local dépendait jadis de la Caisse.
L'élu appelle néanmoins à la méfiance: "Il s'agirait pour la Caisse de jouer la +bad bank+", une structure qui permettrait à Dexia d'évacuer de son bilan des actifs indésirables. "S'il y a transfert de ces créances, elles doivent être valorisées à leur valeur réelle et non à une valeur de convenance qui permettra à Dexia de limiter les pertes", a-t-il averti.
Les collectivités territoriales, qui peinent à emprunter auprès des banques, ont lancé mardi une procédure pour créer leur propre agence de financement, mais celle-ci concernera "plutôt des grandes collectivités et des gros montants", souligne Philippe Laurent, président de la commission des finances de l'Association des maires de France.
Pour lui, un rapprochement de Dexia avec la CDC et la Banque Postale, évoqué depuis 2009, irait "dans le bons sens pour les collectivités territoriales", notamment les plus petites en leur permettant "d'avoir un interlocuteur proche des réseaux de territoire".