Le déficit du régime général de la Sécurité sociale sera ramené à 13,9 milliards d'euros en 2012 contre 18,2 milliards en 2011 et 23,9 milliards en 2010, a annoncé jeudi le gouvernement en présentant un projet de budget qui évite les mesures impopulaires.
"Nous sommes résolus à faire reculer nos déficits, parce que c'est la façon de préserver notre système social", a déclaré le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, en présentant le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2012, aux côtés sa collègue du Budget, Valérie Pécresse, et des Solidarités, Roselyne Bachelot.
Cette réduction notable, après une plongée préoccupante, est en avance sur le tableau de marche que s'était fixé le gouvernement.
Mais il est encore trop tôt pour dire si cette amélioration ne sera qu'une embellie, compte-tenu des incertitudes de conjoncture économique. Les comptes de la Sécu 2009 et 2010 avaient en effet particulièrement souffert de la crise économique.
Dans des documents remis à la presse, le gouvernement affirme cependant que quoiqu'il arrive, il se tiendra à sa stratégie de réduction du déficit public (4,5% du Produit Intérieur Brut en 2012, 3% en 2013) et que le PLFSS s'inscrit dans cette ligne.
Mais il reconnaît que "en 2012 le contexte macro-économique pèsera sur les comptes de la Sécurité sociale" et souligne sa "prudence" en tablant pour cette année et l'an prochain sur un taux de croissance revu à la baisse de 1,75% et sur une inflation prévisionnelle pour 2011 revue à la hausse à 2,1%.
La branche maladie, qui reste la plus déficitaire, va descendre l'an prochain sous les 6 milliards, selon les prévisions du PLFSS, un déficit réduit de moitié depuis 2010. "La constance et le courage paient et nous ont permis de rompre avec des dépenses incontrôlées de l'assurance maladie", s'est félicitée Mme Pécresse.
Pour la branche retraites, le déficit va être ramené à 5,8 milliards en 2012, contre 6 milliards en 2011. Cette réduction est surtout due aux premiers effets de la réforme des retraites de 2010 qui recule les bornes d'âge.
Au chapitre des recettes, davantage de cotisations sont rentrées dans les caisses, avec une augmentation de 3,7% de la masse salariale en 2011.
Pour 2012, les recettes viendront principalement du plan d'austérité de 11 milliards annoncé fin août, dont 6,5 milliards vont venir abonder les caisses de la Sécu.
S'agissant des dépenses, 2,2 milliards d'économies seront réalisées sur la branche maladie, comme l'an passé.
Profitant de l'impopularité des laboratoires dans l'opinion, du fait de l'affaire du Médiator, le gouvernement va faire porter les économies principalement sur les médicaments à hauteur de 770 millions, dont 670 vont consister en baisses de prix négociées avec l'industrie pharmaceutique.
Pour les 100 autres millions le gouvernement va notamment encourager les génériques et dérembourser des médicaments à service médical rendu insuffisant.
Mais contrairement à l'an dernier, le gouvernement va limiter les baisses de remboursements, toujours impopulaires dans la population.
Xavier Bertrand a d'ailleurs reconnu récemment qu'il avait préféré ne pas trop toucher au niveau de remboursement de la Sécu, optant pour un alourdissement de la taxation sur les mutuelles.
Début septembre, dans son rapport annuel sur la Sécurité sociale, la Cour des comptes, en prenant le périmètre le plus large (régime général, autres petits régimes et Fonds de solidarité vieillesse) avait alerté sur un déficit historique de près de 30 milliards en 2010.