
La directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, qui a appelé à une recapitalisation "urgente" des banques européennes, a été vertement critiquée mardi en France, tandis que l'Autorité bancaire européenne a démenti depuis Londres toute demande en ce sens.
Une déclaration "incompréhensible" pour la présidente de l'organisation patronale Medef, Laurence Parisot; des propos "non compris" par le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer: les critiques ont fusé sur l'ancienne ministre française de l'Economie.
L'objet des foudres ? Un discours de Christine Lagarde prononcé ce week-end, dans lequel elle estimait qu'il était "urgent" de recapitaliser les banques européennes afin qu'elles soient "suffisamment solides pour faire face aux risques que représentent les dettes publiques et la faiblesse de la croissance".
"C'est la clé pour couper la chaîne de contagion", avait-elle insisté.
Dès lundi, un porte-parole du commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, lui avait répondu que les banques européennes étaient "mieux capitalisées qu'elles ne l'étaient il y a un an".
Mais les attaques les plus sévères sont venues de Paris mardi. Laurence Parisot a d'abord affirmé le matin à la station de radio Europe 1 que ce qu'avait dit la nouvelle directrice générale du FMI, nommée en juillet en remplacement de Dominique Strauss-Kahn, n'avait "pas de sens".

"Pour les banques françaises, il faut bien avoir à l'esprit que nous avons les banques parmi les plus solides du monde", avait-elle assuré.
Plus tard dans la journée, une deuxième salve de critiques est venue de Christian Noyer, qui a émis l'hypothèse que Christine Lagarde était "très mal informée par ses services du FMI".
"Ceux qui connaissent le mieux la situation, ce sont les gens de l'Autorité bancaire européenne (...) et eux disent qu'il n'y a pas besoin de recapitalisation ou, plus exactement, qu'il y a besoin de recapitalisation pour les banques qui n'ont pas réussi les +stress tests+ européens faits en juillet", a-t-il insisté sur la chaîne de télévision d'informations BFM TV.
Un autre front s'est également ouvert au Royaume-Uni. L'Autorité bancaire européenne (EBA), dont le siège est à Londres, a affirmé qu'elle n'avait pas appelé à une recapitalisation massive et urgente des banques européennes, contrairement à ce que laissait entendre un article du Financial Times Deutschland.
"Les tests de résistance récemment menés par l'EBA ont montré que les banques de l'UE avaient renforcé de manière importante leurs fonds propres et étaient capables de résister à des scénarios macroéconomiques +adverses+", a souligné l'institution.
L'édition de mardi du quotidien économique avait affirmé que l'EBA s'était inquiétée, dans un courrier adressé au conseil européen Ecofin, de la sous-capitalisation de certaines banques européennes.

Dans sa mise au point, l'EBA a assuré qu'elle se contenterait d'adresser avant la prochaine réunion de l'Ecofin des recommandations concernant les besoins de financement des banques à moyen et long terme. L'institution a également précisé qu'il s'agissait simplement d'une contribution "régulière" non liée à un problème urgent.
Moins sévère avec Christine Lagarde, le président de l'Autorité française des marchés financiers (AMF), Jean-Pierre Jouyet, avait expliqué lundi qu'un "certain nombre de banques européennes" devaient être recapitalisées, tout en ajoutant qu'elles ne comptaient pas parmi "les plus importantes".
Des tests de résistance menés par l'Autorité bancaire européenne cette année ont mis en avant l'insuffisance de fonds propres de huit établissements bancaires européens sur les 90 qui les ont passés. Si les analystes et investisseurs s'accordent à reconnaître que l'exercice a été conduit plus sévèrement qu'en 2010, nombre d'entre eux jugent toutefois que le scénario retenu était encore trop optimiste.